Jojo ou Jojo Rabbit est un petit garçon allemand, nationaliste convaincu, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Fier de ses idéaux, il tombe des nus lorsqu’il découvre que sa mère cache une jeune nazie dans leur maison. Ses croyances vont alors être chamboulés et aidé d’Adolf Hitler, son ami imaginaire, il va tenter de mettre de l’ordre dans ses idées.
Je suis fan. Voilà, je l’ai dit. Jojo Rabbit est une œuvre touchante, drôle, dramatique et qui ne tombe jamais dans le larmoyant. Taika Waititi réalise un coup de maître avec cette adaptation du roman Le ciel en cage de Christine Leunens. Je vous explique pourquoi.
Le film s’ouvre sur une vidéo historique en noir et blanc des jeunesses hitlériennes. Mais ces images historiques sont accompagnées par une musique moderne qui tranche avec le sérieux de ce que l’on voit à l’écran. Le ton est lancé ! Nous rencontrons ensuite le petit Johannes Betzler dit Jojo, 10 ans, qui doit passer le weekend dans un camps des jeunesses hitlériennes. Son rêve est simple, il veut intégrer la garde personnelle du Führer. Tout un programme. Au camp, il retrouve Yorzi, son meilleur ami après Hitler. Les enfants sont supervisés par le capitaine Klenzendorf (fantastique Sam Rockwell), un soldat renvoyé du front en raison d’une blessure. Incompétent, amer et alcoolique, il est secondé par l’officier Finkel (magnifique Alfie Allen).
Pendant le weekend, les enfants apprennent à se comporter en soldat avec entraînements intensifs et mise en situation. Lorsqu’on leur demande de prouver leur force et leur loyauté à Hitler, Jojo se montre incapable de tuer un lapin. C’est à cette occasion qu’il gagne son surnom de « Jojo Rabbit », Jojo le peureux. Blessé lors d’un accident avec une grenade, il trouve du réconfort auprès de sa mère Rosie (incroyable Scarlett Johansson). Je sais, j’utilise beaucoup d’adjectifs. Mais vous me comprendrez après avoir vu Jojo Rabbit !
Un film parfait pour un récit parfait
Le film est tellement bien écrit et les acteurs tellement formidables qu’on en oublie parfois que Jojo n’a que 10 ans. Il est à ce point endoctriné qu’il croit tout ce que le parti nazi lui dit. De fait, il est presque touchant dans son fanatisme. Sa rencontre avec Elsa, jeune fille juive, est très drôle. Lui qui s’attendait à rencontrer une méchante juive cornue se trouve face à une jolie jeune fille qui lui tient tête. Il est tellement déstabilisé quand il se rend compte qu’elle n’est pas la créature terrifiante qu’on lui a décrite que sur le coup, il ne sait pas comment réagir. Elle n’a pas de cornes, elle a une apparence humaine et elle est sympathique. Surprise !
Le nazisme du point de vue d’un enfant
Jojo Rabbit est l’histoire d’un petit garçon qui grandit dans l’Allemagne nazie vers la fin du conflit. Nous suivons son évolution alors qu’il passe du fanatisme le plus absolu à un questionnement qui l’amène à s’interroger sur le bien-fondé de cette idéologue. Sa mère, qui cache Elsa, une jeune juive, dans un compartiment secret, est l’exact contraire de son fils. Drôle, rêveuse et captivante, cette mère de famille fait de son mieux pour éduquer son fils qui attend le retour du front de son père. Et quel fils !
Ce qui rend ce film si attachant est le fait qu’il est filmé à hauteur d’enfant. Il multiplie les genres, alternant entre comédie, drame et action. On rit aux éclats avant de se tendre de tension. Taika Waititi nous offre un film admirable, qui ne laisse pas indifférent. Roman Griffin Davis, qui tient le rôle de Jojo, est formidable. Il m’a vraiment épaté par son talent. Et son alchimie avec Scarlett Johansson, qui interprète sa mère Rosie Betzler, crève le plafond. La nomination aux Oscars de cette dernière est d’ailleurs amplement méritée. C’est une mère courage qui élève seule son fils dans un contexte difficile et s’efforce de rester fidèle à ses valeurs. Pas facile quand son fils de 10 ans est un nazi auto-déclaré ! La relation entre Jojo et Elsa (Thomasin McKenzie) est le point fort du film. Une relation qui évolue à mesure que son idéologie change et que l’idée qu’il se fait des juifs change. Dans le rôle d’Hitler, nous avons Taika Waititi. Ridicule, fanatique à outrance, c’est le confident de Jojo. Celui qui le pousse dans son extrémisme.
Un film politiquement incorrect
Hitler est ainsi utilisé comme une métaphore de l’évolution de Jojo. Leur relation, amicale au possible au début du film, évolue à mesure que le petit garçon se rend compte de la réalité du nazisme. Transformé par sa relation avec Elsa, il commence à remettre en question son fanatisme aveugle. Plus il se pose des questions et se rapprochent de la jeune fille, plus ses échanges avec le chef allemand perdent de leur candeur. Ce changement de mentalité est visible dans l’une des scènes les plus drôles du film, lorsque le Capitaine Deertz (Stephen Merchant) de la Gestapo vient enquêter chez Jojo suite à une dénonciation. Accompagné par 4 collègues, chacun salut individuellement le petit garçon qui répond. S’ensuit une interminable et hilarante séance de salutation. Cette scène est drôle mais également crispante, car c’est le moment où Jojo comprend à quel point le régime nazi est impitoyable.
Si l’occasion se présente, n’hésitez pas à regarder Jojo Rabbit ! Vous me remercierez plus tard.
Bande-annonce
Jojo Rabbit vous a plu ? Lisez Le ciel en cage de Christine Leunens (le roman qui a été adapté par Taika Waititi) et Le journal d’Anne Franck et regardez Seul dans Berlin.
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