Un homme perturbé psychologiquement tue des femmes à l’aide d’un fusil à lunette. Récemment libéré de prison, il les traque car il leur reproche de le rejeter. Il tente de refouler ses pulsions, mais plus la pression monte, moins il parvient à se contenir. Alors que le nombre de victimes augmente et que la police ne trouve pas de piste, un psychologue vient leur apporter son expertise.
J’ai adoré. L’homme à l’affût est un thriller redoutablement efficace qui nous plonge dans l’esprit d’un homme psychologiquement torturé par des pulsions meurtrières. On assiste à sa lutte contre sa violence, qu’il tente par tous les moyens de réprimer, jusqu’au moment où il ne peut plus résister. Un grand film.
Lutter contre ses pulsions
Eddie Miller est un chauffeur-livreur dans une entreprise de pressing. Solitaire et renfermé, il n’a pas d’amis et vit seul à San Francisco. Mais l’homme dissimule un terrible passé. Il a en effet été emprisonné pour des violences contre une femme. Eddie tente de reprendre le cours de sa vie, mais ses pulsions se font de plus en plus fortes à mesure qu’il se sent rejeté par les femmes. Il éprouve une envie irrésistible et irrépressible de leur faire du mal. L’homme lutte de toutes ses forces. Il se brûle même la main sur une plaque de cuisson pour s’empêcher d’utiliser son fusil à lunette. Il va chercher de l’aide à l’hôpital. Mais ses pulsions se montrent plus fortes. Trop fortes.
Dès les premières scènes, la situation nous est clairement expliquée. Eddie Miller cherche à tout prix à échapper à ses pulsions meurtrières et violentes qui le poussent à blesser des femmes. La lutte est terrible au sein de la psyché de cet ancien prisonnier. Tuer ? Ne pas tuer ? Comment s’en empêcher ? L’homme à l’affût. Tout est dit dans le titre. Nous suivons un homme qui lutte contre le mal qui l’envahit et qui dans le même temps est traqué par toutes les forces de police de San Francisco. Plus il tue, plus il a de mal à résister.
Eddie Miller est un homme perdu dans une société qui le traite avec un certain mépris. Il ne parvient pas à trouver sa place ou ses marques. La secrétaire à son travail le traite avec condescendance en raison de son passif d’ancien prisonnier. Une femme, dont il pensait être proche, semble être embarrassée par lui, et ne lui accorde qu’un intérêt réduit lorsqu’un autre homme fait son apparition. La colère monte, en même temps que la rage et le sentiment d’humiliation. Bientôt, il ne pourra plus résister.
Un film au parti pris
Le film est une tribune virulente du réalisateur Edward Dmytryk en faveur d’un meilleur accompagnement des prisonniers. Il se sert pour cela du personnage du Dr. James G. Kent. Ce dernier va en effet apporter son aide aux autorités en dressant le profil psychologique du tueur. Pourquoi tue-t-il ? Qui est-il ? Comment est-il devenu ce tueur sanguinaire ? C’est en répondant à toutes ces questions que la police parvient à limiter le nombre de suspects et cerner le bon. Dr. James G. Kent, les autorités devraient accorder plus d’attention à la prévention et se concentrer sur les prisonniers « guérissables ». Une fois qu’ils ne représentent plus un danger pour la société, ils peuvent être relâchés. Dans le cas contraire, il faut les garder enfermer.
La mise en scène est simple. Nous suivons Eddie et ses tourments avant de passer aux scènes avec la police et les autorités en pleine traque. Nous voyons très souvent Eddie en hauteur, d’où il cherche et vise ses victimes en contrebas. Placé en position de domination, il n’est pourtant jamais présenté par la caméra comme un tueur sanguinaire. Au contraire, il donne toujours l’impression d’être un homme tourmenté et abandonné de tous. La police est présentée de manière différente. Les policiers sont toujours en mouvement, à la recherche d’indices et de pistes. Ils parlent beaucoup, échangent mais semblent toujours à la traîne, comme si le tueur avait toujours une longueur d’avance. Avec eux, la caméra est toujours placée à hauteur d’yeux. Il y a donc un rapport de force entre les deux groupes aux attention complètement différentes. Le chasseur qui traque sa proie est pourchassé par d’autres chasseurs désireux de le stopper. Qui sortira vainqueur de cette lutte ?
La fin peut paraître décevante pour certains, mais pas pour moi. Je trouve que le réalisateur et le scénariste sont restés fidèles aux idées et principes véhiculés tout au long du film. A savoir (sans spoilers), n’utiliser la force et donc faire preuve de violence, seulement en dernier recours.
Bande-annonce
Si le sujet de L’homme à l’affût vous a plu, vous allez aimer Zodiac et L’Inspecteur Harry.