Yasmina Khadra nous décrit le quotidien de la ville autrefois florissante de Kaboul. Quand il commence son récit, les Talibans sont déjà sur place depuis plusieurs années. On découvrir une ville qui a effectué un retour en arrière brutal. Il n’y a plus de libre arbitre, les imams seuls détiennent la bonne et vraie parole. Le reste n’est que mensonges et affabulations. Les femmes n’ont plus aucun droit. Les orphelins affamés sont légions. Les vétérans passent leur journée à ressasser leurs faits de guerre en comparant leurs blessures et leurs souvenirs.
Titre original : Les hirondelles de Kaboul
Auteur : Yasmina Khadra
Date publication : 2010
Éditeur : Éditions Pocket
Protagonistes principaux : Mohsen Ramat, Zunaira, Atiq, Mussarat
Les Talibans ont pris le contrôle de Kaboul. Atiq, le geôlier, n’a plus le goût à rien. Son épouse est condamnée par la maladie. Il tourne en rond. Mohsen et Zunaira est un couple qui tente de survivre dans une ville déchirée par la guerre. Leurs destins va se trouvée bouleversée à la suite d’un accident.
« Les hommes sont devenus fou, ils ont tourné le dos au jour pour faire face à la nuit. »
Mohsen Ramat est un ancien érudit et magistrat, Sa femme, Zunaira, est une ancienne avocate spécialisée dans la cause féminine. Ils ont tout perdu avec l’arrivée des Talibans. Leur travail, leur mode de vie. Même leur relation de couple a été affectée. Ils ne peuvent plus sortir main dans la main comme avant. Ils n’ont plus la permission de se montrer affectueux en public. Elle n’a plus de statut autre que celui d’être une épouse. Et encore. En plus de tenter de survivre, ils essayent de préserver leur vie de couple. Mais la misère règne, et seuls les Talibans et leurs soutiens se retrouvent dans cette nouvelle existence. Les autres vivent dans le souvenir des jours anciens.
Atiq passe ses journées à trainer. Mussarat, son épouse, est gravement malade. Les médecins ne peuvent plus rien pour elle. Elle passe donc ses journées à attendre la mort, dévorée petit à petit par la maladie. C’est cette vision qu’Atiq ne peut plus supporter. Il quitte donc régulièrement le foyer, à la recherche de cette étincelle qui lui redonnera l’envie de vivre. Il rencontre plusieurs connaissances à qui il se confie du bout des lèvres. Et là, c’est le choc. Du moins pour eux. Comment ose-t-il se soucier de son épouse ? Ne devrait-elle pas plutôt le remercier de tout ce qu’il a fait pour elle ? Elle qui n’est même pas capable de lui donner un fils. La femme est vraiment réduite à l’état d’objet. Elle vit enfermée à la fois sous son tchadri et au sein de son propre maison. Elle ne possède rien, pas même un statut. Car son mari peut prendre plusieurs femmes sans qu’elle n’y puisse rien. Autant l’abandonner et trouver une « épouse plus jeune et fraiche ».
« Y-a-t-il générosité plus grande, pour une femme, que de lui offrir un toit, une protection, un honneur et un nom ? »
La situation de Mohsen et Zunaira bascule le jour où la jeune femme cède aux instances de son mari et accepte de sortir vêtue de son tchadri. Mais en chemin, ils croisent Atiq, qui oblige le jeune homme à se rendre à la mosquée. Pendant le prêche de plusieurs heures, la pauvre Zunaira est obligée de rester dehors, sous un soleil de plomb. Elle se sent humiliée. Elle est folle de rage. Elle étouffe de chaud. Mais elle est condamnée au silence. Elle, ancienne avocate des droits de la femme, elle ne peut plus s’exprimer. Elle n’existe plus. Le choc est incroyablement violent pour cette femme éduquée habituée à lutter pour les droits des femmes. Choc qui va bouleverser son destin, celui de son mari et d’Atiq.
« Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l’on doit cacher telle une infirmité. »
La venue des Talibans à Kaboul a révélé le pire des hommes, qui se sont transformés en animaux, affamés de violence et de haine. La population a faim. Les femmes ont soif de liberté. Les enfants veulent rêver. Mais tout a disparu. Plus rien d’est possible dans cette Kaboul en ruine. Ceux qui ont réussi à survivre vivent désormais de l’aumône. Les plus chanceux ont gagné des privilèges en se faisant bien voir des Talibans. La loi du plus fort est désormais en rigueur. Les lapidations et autres exécutions s’enchaînent, à la plus grande joie des habitants dont il s’agit de l’unique « moment de fête ». Tout le monde semble mourir à petit feu, à l’image de la ville désormais terne.
Comme d’habitude, Yasmina Khadra sait trouver les mots pour nous décrire une situation qui semble inéluctable, la destruction de Kaboul. A moins que ce ne soit déjà le cas ?
Poursuivez votre lecture avec Parvana, Persepolis et le film Les hirondelles de Kaboul.
Adaptation cinématographique
Date de sortie : 04 septembre 2019
Réalisateurs : Zabou Breitman, Eléa Gobbé-Mévellec
Casting (voix) : Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud
Bon à savoir : l’adaptation cinématographique diffère légèrement de l’œuvre originale
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