Stephen King est le maître de l’horreur. Mais saviez-vous qu’il était également réputé pour ses personnages de femmes fortes ? Gentilles ou méchantes, mères ou adolescentes, elles ont toutes un point commun : elles ne se laissent pas faire. Elles iront jusqu’au bout de leurs actions pour obtenir ce qu’elles veulent. Qu’il s’agisse de leur liberté, de sauver la vie de leur enfant ou de se faire justice, elles refusent d’endosser le statut de victime. Voici des romans, qui sont, selon moi, les plus représentatifs de la relation entre Stephen King et les femmes.
Dolores Claiborne
Sur l’île de Little Tall, tout le monde se pose des questions. Que s’est-il passé avec Joe le soir de l’éclipse ? Comment et pourquoi est-il mort ? Lorsqu’une deuxième mort a lieu des années plus tard, Dolores Claiborne est interrogée par la police qui la soupçonne du meurtre de Vera Donovan, sa patronne, une vieille femme acariâtre et sénile. La mère de famille réfute les accusations mais avoue le meurtre de son mari Joe, 30 ans auparavant. Elle n’a désormais plus le choix, pour faire comprendre ses actions, elle doit raconter ce qui s’est déroulé, des années auparavant. Elle doit revivre ces moments atroces et laisser éclater la vérité.
Quelle œuvre ! Dans Dolores Claiborn, nous découvrons une mère de famille soupçonnée de meurtre. Pour se défendre, elle remonte dans ses souvenirs les plus sombres et les plus durs. Le récit oscille entre passé et présent, entre les moments où Dolores raconte le meurtre de son mari et la mort de Vera. Elle a eu la vie dure Dolores, à vivre entre un mari violent et une patronne détestable. Mais elle n’a jamais baissé les bras et a parfaitement réussi à élever ses enfants et à joindre les deux bouts. Stephen King brosse le portrait d’une femme forte qui tout au long de son existence s’est battu contre l’adversité.
Misery
Paul Sheldon en a assez. Et décide de tuer Misery Chastain. Il peut faire ce qu’il veut. Après tout, c’est de son œuvre dont on parle. Et Misery est sa créature. L’auteur de romans peut enfin respirer. Mais un soir, un accident de voiture le fait tomber aux mains d’Annie Wilkes, une infirmière. Et également la plus grande fan de Paul et de Misery. Pour survivre, l’écrivain n’a pas le choix. Il doit faire revivre son personnage.
Un fan est un admirateur enthousiaste selon la définition du Larousse. C’est également l’abréviation de fanatique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Annie Wilkes entre dans cette catégorie. Abusive et violente, elle est extatique quand elle découvre que l’homme qu’elle a sauvé n’est autre que son auteur préféré. Mais elle n’accepte pas la mort de son personnage adoré. Paul est donc obligé de resusciter ce personnage qu’il déteste. Stephen King utilise le roman Misery pour raconter la relation entre un auteur et son œuvre. Entre un écrivain qui ne supporte plus un de ses personnages et une fan qui n’accepte pas cette réalité. Et qui est prête à tout pour retrouver la Misery qu’elle adore.
Histoire de Lisey
Lisey est l’épouse de Scott Landon, romancier célèbre. A sa mort, elle se sent désemparée et perdue. Pour faire face, elle se plonge dans les papiers de son mari afin de faire le tri. Scott était un homme complexe et plein de secrets, qu’il avait en partie révélé à Lisey. Fouiller dans ses affaires est l’occasion de se remémorer 25 années de souvenirs, bons et mauvais. La veuve doit également affronter divers problèmes : les problèmes mentaux de sa sœur et un homme qui la harcèle pour obtenir les écrits de son mari. Mais se rappeler ne se fera pas sans peine.
Pour Stephen King, Histoire de Lisey est sa meilleure œuvre et sa plus personnelle. Avec raison. Pour une fois, l’histoire est centrée sur l’épouse de l’auteur, la femme de l’ombre. Celle qui joue un rôle indispensable dans sa vie. On suit sa vie avec Scott et après sa mort, au fil des souvenirs qui lui reviennent. Souvenirs sombres et ô combien ténébreux. Mais indispensables pour l’aider à démêler l’imbroglio dans lequel elle se trouve. Car le roman nous plonge au cœur du psyché d’un écrivain. Une zone que Scott a partagée avec Lisey. Et dont elle doit se rappeler à tout prix.
La petite fille qui aimait Tom Gordon
À la suite du divorce de ses parents, Trisha et son frère partent vivre avec leur mère. Mais ces derniers sont en conflit constant. Un jour, le trio part faire une randonnée sur la piste des Appalaches. Trop occupés à se disputer, le frère et la mère s’éloignent sans faire attention à Trisha. Perdue et seule, la petite fille tente alors de survivre dans cette forêt gigantesque. Elle ne peut désormais compter que sur sa persévérance et Tom Gordon, son joueur de base-ball préféré qu’elle suit sur son baladeur. Elle ne se doute pas que la Chose la poursuit, affamée et vorace.
Un roman magnifique qui met à l’honneur une petite fille fan de base-ball. La petite fille qui aimait Tom Gordon est également l’occasion pour Stephen King de mettre la forêt à l’honneur. Une forêt accueillante quand la petite fille trouve de quoi manger. Et menaçante lorsqu’elle se renferme sur elle. Trisha doit lutter pour survivre, contre les éléments, contre la forêt, contre la peur, contre la faim, contre la soif. Et son environnement. Heureusement qu’elle est partie avec son baladeur qui lui permet d’écouter la retransmission du match des Red Sox et de suivre son joueur préféré. Elle se sent moins seule. L’horreur surgit sous la forme d’une Chose qui la suit. Un monstre dont elle sent la présence mais qu’elle ne peut pas voir. Pour l’instant.
Jessie
Jessie et son mari Gerald partent passer un weekend en amoureux à la campagne pour tenter de ressouder leur couple. Elle accepte de pimenter leur relation et se laisse menotter aux montants du lit. Mais la situation dérape quand elle se ravise. Elle repousse alors violemment Gerald qui s’effondre, victime d’une crise cardiaque. Incrédule, Jessie se retrouve seule, attachée au lit en pleine nuit. Quand elle tente de se libérer, elle comprend qu’elle doit fouiller dans ses souvenirs d’enfance pour trouver la clef qui lui permettra de se détacher. Des souvenirs peu agréables. Et dehors, une menace rôde, désireuse d’entrer dans la maison.
Jessie est d’abord présentée comme une victime, avant qu’on ne comprenne qu’elle est plus forte qu’on ne le pense. Elle est seule, attachée, dans une maison isolée en pleine campagne. Mais elle n’abandonne pas. Elle fouille dans ses souvenirs, aidée par Gerald, que son esprit fait apparaitre. Jessie est un roman particulier car il se déroule en chambre close. Quasiment tout le roman se passe dans la chambre à coucher du couple pendant la nuit. Mais en le lisant, on ne s’en rend absolument pas compte. On est tellement pris par les évènements que cela ne se ressent pas. Tout ce qu’on attend, c’est que Jessie ouvre ses menottes.
Carrie
Carrie est une jeune fille de 16 ans élevée par une mère puritaine qui ne vit que pour la religion. Mais cette vie isolée et préservée la rend bizarre aux yeux de ses camarades de classe qui en font rapidement leur souffre-douleur. Un jour, Tommy Ross, l’une des stars du lycée l’invite au bal de promo. Carrie est tout excitée jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il s’agissait d’un piège pour l’humilier et se moquer d’elle. Traumatisée, elle se rend alors compte qu’elle peut réaliser des choses. Des choses extraordinaires.
Le diable et le péché. C’est dans cet univers que la pauvre Carrie a été élevée. Isolée du monde, l’adolescente ne connait rien du monde extérieur. Elle est perdue et en total décalage par rapport aux jeunes de son âge. Dans Carrie, nous découvrons la vie d’une jeune fille maltraitée par sa mère, harcelée par ses camarades de classe et moquée par tous qui finit par en avoir assez. Qui passe de victime à bourreau. Et qui se montrera sans pitié aucune envers ceux qui l’ont fait souffrir. Stephen King nous plonge dans la vie d’une adolescente pas ordinaire qui n’aspirait pourtant qu’à être comme les autres.
Cujo
L’été 1980 est le plus chaud qu’ait connu Castle Rock. Durant cette période, Cujo, le saint-bernard des Camber, est mordu par une chauve-souris. Il devient ensuite violent et s’attaque à tous ceux qui croisent sa route, notamment son maître Jo Camber. Donna et son fils Tad, 5 ans, se rendent un jour chez Jo, l’unique garagiste de la ville, pour faire réparer leur voiture. Mais à leur arrivée, ils sont attaqués par Cujo, qui fait le siège de leur véhicule. S’ensuit une lutte entre la mère et son fils, retranché dans leur voiture en panne, et le chien, qui n’a qu’un seul but, les tuer. Isolés, sans moyen de contacter les secours, Donna et Tad luttent pour survivre dans la chaleur du véhicule.
Cujo ne raconte pas seulement l’histoire d’un chien devenu fou furieux. C’est surtout le récit d’une mère qui se bat pour la survie de son fils. Une mère prête à tout pour se sortir de cette situation. Mais la chaleur joue contre elle. Et sa voiture en panne également. Stephen King nous plonge dans l’une des pires peurs qui existe, la peur d’une mère pour ses enfants.
Charlie
Charlie est une petite fille en apparence comme les autres. En apparence seulement. Elle possède en effet un terrible pouvoir : sous le coup de l’émotion, elle peut déclencher des incendies. Pourchassée par une agence gouvernementale, la petite fille de 7 ans prend la fuite avec son père.
Avec des parents dotés de pouvoirs, il était facile de prévoir que Charlie obtiendrait des pouvoirs. Elle est en effet dotée du don de pyrokinésie, la capacité de provoquer des incendies. Une agence gouvernementale s’intéresse de près à leurs capacités, allant jusqu’à tuer pour kidnapper ceux dotés de pouvoirs et les examiner. Avec Charlie, Stephen King dévoile toute la suspicion qu’il éprouve à l’égard du gouvernement et de leurs agissements, à travers la vie d’une petite fille en cavale.
Rose Madder
Pendant 14 ans, Rosie a supporté les mauvais traitements de son mari Norman, un policier violent et cruel. Un jour, elle décide qu’elle n’en peut plus et s’enfuit. Elle trouve refuge 900 km plus loin, dans un refuse pour femmes battues. Là-bas, elle fait la connaissance de femmes qui ont vécu la même situation qu’elle. Lorsqu’elle tombe sur un étrange tableau et qu’elle rencontre Rose Madder, elle découvre un autre monde. En traversant le tableau, elle pourrait trouver le moyen d’être enfin libéré de son mari qui la cherche partout. Mais elle pourrait aussi libérer des forces incontrôlables. Pourrait-elle courir ce risque ?
Rosie ne veut plus être un punchingball. Elle ne veut plus recevoir de coups. Être maltraitée et insultée. La violence domestique, c’est fini. C’est alors qu’elle prend la fuite sur un coup de tête. Une impulsion. Stephen King nous décrit avec forces détails le quotidien violent de Rosie, entre maltraitances physiques et psychologiques. Quand elle prend la décision de quitter Norman, on découvre une autre femme. Forte. Indépendante. Intelligente. Débrouillarde. Une femme qui sera prête à tout pour ne pas retourner dans l’enfer de son mariage.
Christine
Arnie est un lycéen en plein âge ingrat qui vit à Libertyville. Un jour, il tombe sur l’épave d’une Plymouth Fury 58. Ce bricoleur de génie restaure la vieille voiture, qui retrouve une seconde jeunesse. Mais Leigh, sa petite amie, commence à remarque des changements dans son comportement. Et dans la relation que l’adolescent entretient avec sa voiture qu’il appelle Christine.
Pourquoi incorporer le roman Christine dans la liste me direz-vous ? Il faut le lire pour comprendre. Christine est telle une belle femme qui séduit un homme. Arnie n’arrive pas à en détourner le regard, il n’a de yeux que pour elle, aller jusqu’à négliger sa petite amie qui se sent à l’étroit dans ce « triangle amoureux ». L’adolescent n’a pas conscience du pouvoir de séduction de sa voiture, qui s’immisce dans sa vie et ses pensées. Qu’il est dangereux ce garçon amoureux. Et qu’elle est dangereuse cette voiture possessive. Car Christine n’a aucune intention de partager son Arnie. Ni de laisser qui que ce soit lui faire du mal.
Entre Stephen King et les femmes existe une relation où le premier met en avant des êtres forts qui ne baissent jamais les bras.
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