Sofia et son mari Fernando vivent dans l’opulence au Mexique dans les années 1980. Mais lorsque la crise économique éclate, ils perdent tout. Leur argent, leur prestige, leur rang social, leurs amis. La chute est rude.

La bonne réputation afficheAlejandra Marquez Abella
© UFO Distribution

La bonne réputation suit le parcours d’une femme de la haute société mexicaine qui perd son argent et son statut social lors de la crise financière de 1980. Le Mexique, fortement endetté, n’est plus en mesure de rembourser ses dettes. Et son économie s’effondre. La chute est d’autant plus violente que Sofia perd tout ce qui fait son identité, son argent et son paraître.

Les apparences avant tout

Années 1980. Sofia fête son anniversaire avec ses riches amis dans sa sublime maison. Elle possède de nombreux domestiques donc Tonis, qu’elle semble connaître depuis l’enfance. Son mari est rentier. Elle semble tout posséder pour être heureuse. Pourtant un jour, l’oncle de son mari demande à ce dernier de diriger l’entreprise familiale lorsque des investisseurs américains se retirent de l’affaire. C’est le début de la descente aux enfers pour le couple fortuné.

Son univers soigneusement orchestré s’effondre. Elle, qui a été élevée dans l’idée de « tout pour les apparences » est prise au dépourvu. Toute son existence tourne en effet autour du paraître, même devant les domestiques. Elle ne peut se permettre d’afficher la moindre faiblesse. La seule personne devant laquelle elle semble se montrer plus ouverte est Tonis, qui parait l’avoir élevée, ou du moins l’avoir vu grandir. Désormais, elle fera tout pour préserver les apparences. Son orgueil prendra le pas sur tout le reste. Pendant que son mari se cache, elle sort et continue d’affronter le regard de ses amies. Comme si de rien.

« Il faut administrer l’opulence. »

L’oisiveté, un mode de vie au féminin

Amies toutes aussi superficielles. Toutes sont de riches oisives dépensières et femmes au foyer. Leurs journées sont invariables, entre supervision du travail des domestiques, shopping, visites chez les unes ou encore tennis au club. On ne peut même pas vraiment dire qu’elles sont des amies, à la façon qu’elles ont de se dénigrer les unes des autres.

La bonne réputation film de Alejandra Marquez Abella
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Ces femmes se montrent notamment extrêmement méprisantes de l’une d’entre elles, Ana Paula, car elle ne vient pas du même milieu. C’est une maitresse devenue épouse. Sacrilège. Toutes sont été élevées pour être une épouse modèle, entre écoles privées et bonne éducation. Ana Paula est une opportuniste à leurs yeux. Les femmes du groupe la traite donc avec un certain mépris et une certaine condescendance. Pourtant, lorsqu’il apparait évident qu’elle est la seule à s’en sortir au milieu de la crise financière, leurs comportements changent. De hautaines et moqueuses, elles deviennent mielleuses. A mesure qu’Ana Paula gagne en puissance, elles perdent en prestige. Seule Sofia parait ne pas vouloir s’abaisser à une telle pratique.

« On veut tous vivre comme des princesses. »

La pauvreté, une réalité impossible à vivre

Sofia et Fernando n’envisagent même pas de réduire leurs dépenses afin de réaliser des économies. Ils vivent au-dessus de leurs moyens. Pourtant, ils refusent l’idée même d’affronter la réalité, comme si elle leur était insupportable. Bientôt, leurs biens sont saisis. Les factures sont impayées. L’eau est coupée. Le jardin est abandonné. Les cartes bancaires et chèques sont refusée. Preuve qu’ils ne vivent pas dans la réalité, dans une scène surréaliste, Sofia part faire du shopping dans une boutique de luxe comme si de rien n’était. Comme si elle n’avait pas de difficultés à payer les employés. L’humiliation est totale quand sa carte bancaire est refusée. Horreur. Sa volonté d’apparaitre riche et fortunée est plus importante que tout. Ainsi, lorsqu’elle ne peut plus payer les employés, elle préfère les licencier plutôt que d’affronter leurs regards et perdre la face. Les apparences avant tout.

La bonne réputation Ilse Salas
© UFO Distribution

Très vite, le couple de bourgeois ne peut plus se voiler la face et nier la réalité. Ils sont pauvres. Ils doivent circuler dans une vieille voiture hors d’âge et très en-dessous de leur standing habituel. Alors qu’ils sombrent dans la pauvreté, Ana Paula s’élève socialement. Les rôles sont désormais inversés et Sofia a perdu son rôle de « leader » à la pointe de la mode et des potins. C’est que tout le monde admire et craint. C’est désormais une suiveuse qui se bat pour survivre. Les élites ne sont plus ce qu’ils étaient. La crise financière a redistribué les cartes sociales.

Ilse Salas, une actrice qui vampirise l’écran

Sofia est la star du film. Nombreux sont les gros plans et les plans fixes sur son visage. Elle semble ne pas pouvoir échapper à la caméra. On voit toutes ses émotions. Ses yeux et son visage trahissent tous ses sentiments. Alors qu’elle est maitresse de ses émotions au début du film, elle en perd le contrôle à mesure que le temps passe. Sofia vit sa chute sociale comme une descente aux enfers. Elle perd le contrôle de la seule chose qui l’importe, les apparences. Sa chute est telle que ses enfants lui demandent s’ils sont pauvres et qu’elle est quasiment sur un pied d’égalité avec ses quelques employés qui lui reste.

La bonne réputation Ilse Salas
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La reconstitution des vêtements d’époque est impressionnante, avec les grandes épaulettes. Les costumes, les décors. On peut voir que la réalisatrice et l’équipe du film y a apporté un grand soin. La bonne réputation se déroule pour la majorité en intérieur. Comme si les plus riches ne se mêlaient pas au reste de la population et préféraient rester entre eux. C’est leur détachement face à la réalité qui rend l’acceptation de la réalité d’autant plus dure. Ils se sont plus sur leur petit piédestal et doivent désormais accepté qu’ils sont comme le reste des Mexicains de la classe moyenne, voire même moins.

« Je déteste les enterrements. Je ne sais jamais comment m’habiller. »

Ilse Salas interprète Sofia avec beaucoup de talent. Tout passe par les yeux. De grands yeux bleus qui voient son univers se déliter petit à petit. Elle est clairement antipathique, figée dans son petit monde bourgeois. De fait, on éprouve de la pitié pour elle à défaut d’éprouver de la compassion.Il s’agit de l’un de ces films étrangers qui méritent d’être vu à tout prix.

Bande-annonce

La bonne réputation vous a plu ? Je vous conseille Proposition indécente, Striptease ou Le Loup de Wall Street.

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