Mikey Saber fait son retour à Kansas City après 17 ans d’absence. Blessé et couvert de bleus, cette ancienne gloire du porno fait triste mine, sans emploi ni logement. Il se rend alors chez son ex-femme et son ex-belle-mère, qui acceptent à contrecœur de l’héberger. Alors qu’il survit de petits trafics, il fait une connaissance qui bouleverse sa vie.
Sean Baker fait son retour après Tangerine et The Florida Project avec Red Rocket, une nouvelle œuvre des plus réussies. Il nous offre un film formidable, dynamique et plein de vie sur les déboires et la déchéance d’une ex-gloire du porno. J’ai adoré.
Un très beau parleur
Pendant 17 ans, Mikey Saber a fait les beaux jours de l’industrie pornographique. Mais après divers problèmes, l’ex-acteur retourne chez lui à Texas City la queue entre les jambes. Sans empli, sans dignité, sans argent et sans logement, il va voir Lexi, sa femme, qu’il a abandonné sans remords des années auparavant. Celle-ci, qui vit avec sa mère Lil, l’accueille avec mépris et colère. Mais, beau parleur, il réussit à se faire temporairement loger contre loyer. Il trouve un travail de dealer de drogue chez une ancienne connaissance, une amie de sa belle-mère. Il renoue aussi de vieilles relations, notamment Lonnie, un voisin.
Un beau jour, il fait la connaissance d’une ravissante jeune fille de 17 ans surnommée Strawberry. C’est le coup de foudre, il se détourne rapidement de son épouse et entame une liaison torride avec la jeune fille. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille…
Sean Baker récidive avec brio !
Le réalisateur Sean Baker possède le talent incroyable de raconter avec brio et fougue les histoires d’individus en marge de la société. Il l’avait notamment fait avec Tangerine et The Florida Project, et il récidive avec Red Rocket. Nous suivons cette fois le parcours d’un ancien acteur porno qui tente de renaitre de ses cendres. Plus le film avance, plus on s’interroge sur Mikey. Qui est-il réellement ? Sa tchatche est incroyable. Il balance mensonge sur mensonge avec un aplomb fou. Et le pire, c’est que ça marche. Il parvient à se sortir de pratiquement toutes les situations. Au fil du film, on comprend que Mikey a la sale habitude d’enjoliver la vérité. C’est un narcissique, égocentrique, menteur et manipulateur. Tout tourne toujours autour de lui. Il doit toujours être le centre de l’attention, le sujet de la conversation. Le roi et sa cour. Moi moi moi moi moi.
Il trouve chaussure à son pied avec lorsqu’il rencontre Strawberry, qui travaille dans un magasin de donuts. Ravissante, drôle, dévergondée, la jeune femme se laisse rapidement séduire par Mikey. Le couple partage une forte alchimie sexuelle et commence à sortir ensemble. Une relation qu’il se garde bien sûr de dévoiler à sa femme. C’est le début d’une double vie, dont il confie tous les aspects à Lonnie, son voisin. Il s’agit du garçon que Lexi avait l’habitude de garder. Leur relation est étrange, car il apparait évident que Mikey est le dominant. Il se vante, fanfaronne comme un coq en pâte et raconte ses futurs plans. Lonnie rester en retrait et semble uniquement lui servir de chauffeur et de confident.
Un homme toxique
Lexi et Mikey vivent également une relation des plus tendues. Il a fait un retour forcé dans sa vie et elle ne comprend pas bien ses intentions. Veut-il reprendre leur vie de couple ? Cherche-t-il juste un logement ? La jeune femme veut croire en leur relation, mais elle a des doutes. Lexi est en effet elle aussi une ancienne actrice porno, qui travaillé entre autres avec Mikey. Mais elle a sombré dans la drogue et a fini par quitter le métier tandis que lui y poursuivait sa carrière.
A mesure que le film avance, on comprend que Mikey est un homme dangereux. Pas physiquement. Mais mentalement. Il n’hésite en effet pas à sacrifier et à briser des vies pour sauver la sienne. Lexi, Lonnie, Strawberry, tous ne sont que des pions qu’il utilise selon son bon vouloir et son plan du moment. Alors qu’au début on apprécie Mikey, personnage haut en couleurs, on finit par éprouver un vrai dégoût pour ce personnage aux intentions plus que méprisantes. J’ai vraiment été choquée par certains des éléments que l’on apprend sur la vie de cet homme.
Simon Rex est l’oxygène du film. De tous les plans, de toutes les scènes, il vampirise littéralement l’écran. On ne peut pas le quitter du regard tant il est charismatique. Je ne le connaissais pas du tout mais j’ai découvert un acteur formidable doté d’une énergie incroyablement communicative. Il joue le rôle d’un homme que l’on adore détester. Suzanna Son (Strawberry) interprète le rôle d’une lolita. Proche de ses 18 ans, elle ne sait pas encore ce qu’elle veut faire de sa vie et s’amuse sans véritablement se soucier du reste. La jeune femme fait preuve d’un talent monstrueux. Bree Elrod (Lexi), Ethan Darbone (Lonnie) et Brenda Deiss (Lil) font également partie du casting. Leurs rôles sont indispensables et magnifiquement interprétés.
Les couleurs et la musique sont les premières choses qui sautent aux yeux et aux oreilles. Des couleurs pop qui donnent l’impression que Mikey a apporté un morceau de Californie avec lui. La chanson Bye bye bye des Backstreet Boys illustre merveilleusement le film, tant par les paroles que par le rythme.
Red Rocket est un film plus profond qu’il n’y parait au premier abord. Laissez-vous prendre par la main et découvrez une œuvre qui ne vous laissera pas de glace.
Bande-annonce
Si vous avez aimé Red Rocket, regardez Tangerine et The Florida Project.