Beau a rendez-vous avec sa mère. Tout est prêt et son billet d’avion acheté. Mais après un rendez-vous chez son thérapeute, plus rien ne va. Comme si l’univers tout entier se liguait contre lui afin de l’empêcher de rejoindre sa mère. Plus le temps passe, et plus Beau is afraid…
Après Hérédité et Midsommar, Ari Aster est de retour avec un nouveau film hors norme. Dans cette nouvelle production A24, nous tombons cette fois dans un délire psychédélique, entre visions étranges et pensées morbides. Le film nous entraîne dans un voyage extraordinaire. Alors que parfois l’histoire parait linéaire, la seconde d’après, le réalisateur nous fait passer dans un monde délirant. Un très bon film avec de très bons acteurs et une très belle cinématographie. Je n’ai pas vu le temps passé !
Un homme terne à la vie toute aussi terne
Beau a prévu de passer du temps avec sa mère, la célèbre femme d’affaires Mona Wasserman. Très couvé, il aime cette dernière tout en souhaitant prendre ses distances avec elle. En grandissant, il souffre d’anxiété et d’angoisses qui le poussent à consulter un thérapeute qui le place sous médication. Même si sa mère est riche, il vit dans un immeuble délabré dans une rue où vivent des drogués qui passent leur temps à essayer de l’agresser. Mais le jour où il doit prendre l’avion pour se rendre chez sa mère, des choses très étranges commencent à se passer. Son voisin l’accuse de tapage nocturne et pour se venger monte le son de sa musique à fond. De ce fait, il n’entend pas son alarme et se réveille en retard pour prendre son avion. Alors qu’il se prépare dans la précipitation, il retourne dans son appartement pur récupérer un dernier objet, laissant ses clefs sur la porte. A son retour, ses clefs et sa valise ont disparu, et son voyage est compromis, à la plus déception de sa mère. Dès lors, il va tout tenter pour aller la rejoindre…
Un voyage psychédélique et initiatique
Beau is afraid est un voyage délirant et psychédélique. Ari Aster nous entraîne dans univers où la normalité n’a pas cours. Rien ne paraît être ce qu’il parait. Le gentil couple qui recueille Beau après son accident est-il vraiment aussi gentil qu’il veut le faire croire ? Les gens qui aident Beau à travers son voyage le font-ils réellement de bon cœur ou ont-ils des arrière-pensées ? Oscillant entre images réelles et décors animés, Beau is afraid est un très beau film. Je dirais même un film de voyage et d’aventures qui nous fait voyager sans quitter le pays. Beau est un homme hésitant, qui a beaucoup de mal à prendre des décisions pour lui-même. Il semble toujours attendre que quelqu’un prenne l’initiative à sa place. De ce fait, il a toujours besoin d’aide. On dirait un enfant que l’on doit prendre par la main pour le guider. Pour la première fois de sa vie, il va devoir faire des choix et se comporter en adulte. Est-ce vraiment possible ?
Beau is afraid, un film dans la lignée de Midsommar et Hérédité
Ari Aster nous dévoile encore une fois un film qui fait réfléchir. On se demande ce qui se passe. A plusieurs reprises, je me suis dit que le film était plutôt normal, mais ensuite, il se passe quelque-chose qui bouleverse tout. Des personnages bizarres, des situations saugrenues, un scénario qui frôle l’incompréhensible, bienvenue dans le monde d’Ari Aster. C’est un réalisateur que l’on aime ou que l’on déteste. Je ne pense pas qu’il y est d’entre-deux, un peu comme Wes Anderson. Il faut entrer dans son univers l’esprit totalement ouvert à tout ce que vous allez voir et entendre. Il ne faut pas réfléchir, il faut se laisser emporter. La réflexion vient à la fin du film, à la fin du voyage.
Joaquin Phoenix est phénoménal dans le film. L’acteur interprète avec brio un homme perdu, solitaire et angoissé. Comme souvent dans les films d’Ari Aster, ses personnages principaux sont des personnes souffrant de névroses ou mentalement fragiles, qui vont se retrouver dans des situations qui vont augmenter leurs problèmes. Florence Pugh, Toni Colette et maintenant Joaquin Phoenix. Aris Aster sait s’entourer des meilleurs acteurs, d’acteurs prêts à prendre des risques pour pénétrer dans son monde. Les 2 actrices qui interprètent sa mère, Zoe Lister-Jones (jeune) et Patti LuPone (âgée), sont formidables. Hautaines, mondaines, mordantes et parfois terrifiantes, elles sont le parfait pendant d’un Joaquin Phoenix très effacé et soumis.
Une relation ambiguë
Beau is afraid a un fil rouge, la volonté de Beau de rejoindre sa mère. Tout le film tourne autour de cette pensée : il doit rejoindre sa mère. Mais doit-il ou veut-il ? Telle est la question. Beau semble très attaché à sa mère, tout en éprouvant une certaine haine contre elle. Il n’est pas très clair sur le sujet avec son thérapeute. Mais au vu de tous les efforts fournis pour la rejoindre, on se dit qu’il doit beaucoup l’aimer. A moins qu’il ne s’agisse que d’amour filial. Cette relation est au cœur du film. Que se passe-t-il entre ces deux personnes ?
Ne réfléchissez pas et laissez-vous emporter par Beau is afraid ! Si vous êtes prêt à prendre le risque, vous ne le regretterez pas.
Si vous avez fait l’effort de regarder Beau is afraid, jetez-vous également sur Midsommar et Hérédité mais aussi Men d’Alex Garland.
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