Mélissa, surveillante pénitentiaire, déménage avec son mari et ses 2 enfants en Corse, pour commencer une nouvelle vie. Elle travaille dans un centre pénitentiaire aux règles un peu particulières, dans lequel les prisonniers surveillent les gardiens. Sur place, elle retrouve Saveriu, un détenu qu’elle a croisé en région sur place. Alors qu’il facilite son insertion sur l’île et auprès des autres détenus, il lui demande de lui rendre un service qui va bouleverser sa vie.
Stéphane Demoustier écrit et réalise avec Borgo un drame magnifique, qui se déroule dans le milieu carcéral. La mise en scène est superbe, les acteurs talentueux. Et n’oublions pas la Corse, un personnage à part entière.
Une femme de poigne
Mélissa, merveilleusement interprétée par Hafsia Herzi, est une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est prête à tout pour protéger sa famille, qu’elle porte à bout de bras en rapportant le seul salaire du couple. Au travail, elle est stricte. Mais peu à peu, elle s’habitue aux règles spéciales instaurées dans l’établissement. Les prisonniers vivent en effet en régime ouvert, étant libres de se balader de cellule en cellule et de profiter de quelques privilèges. De par son comportement, elle gagne le respect des prisonniers. C’est en prison qu’elle va tomber sur Saveriu, un détenu, qui va lui expliquer connaitre beaucoup de monde. Et qu’il peut l’aider avec ses problèmes de voisinage, Mélissa et sa famille étant harcelés par des habitants racistes et agressifs. Un service qui ne sera pas gratuit.
Un engrenage fatal
Alors que Mélissa trouve ses marques, elle se rapproche plus ou moins consciemment des détenus, et plus particulièrement de Saveriu, qui semble la suivre partout. Il lui demande de lui rendre service, et avant qu’elle ne comprenne ce qui se passe, elle est prise dans un engrenage qui va rapidement la dépasser. Un service en entrainant un autre, elle franchit une ligne qu’elle n’aurait jamais dû franchir. D’abord sûre d’elle, on la voit perdre ses repères et réaliser le moment où elle comprend qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. Suivre son cheminement dans Borgo est absolument fascinant.
Une mise en scène en deux temps
J’ai particulièrement apprécié la mise en scène de Borgo, qui se déroule en deux temps. Dans une partie, nous suivons Mélissa au travail, Mélissa en famille, Mélissa en solo. Et dans l’autre, nous suivons des policiers qui enquêtent sur l’assassinat de deux prisonniers corses. Plus le film avance, plus nous comprenons le lien entre ces deux affaires, qui se déroulent dans deux espaces temps différents jusqu’à ce que les lignes temporelles se rejoignent. La Corse est un personnage du film, au même titre que Hafsia Herzi, Louis Memmi, Michel Fau ou encore Moussa Mansaly. Nous ne sommes pas en métropole, les règles sont différentes ici. Beaucoup de choses sont basées sur la confiance. Je te rends service et moi je te le revaudrai. Mais la situation peut très vite dégénérer car il n’y pas de de retour en arrière possible.
Borgo est une très belle production de Petit Film sur l’univers carcéral qui fait la lumière sur la relation ambiguë entre surveillants et détenus. On réalise très vite qu’il suffit d’un rien pour basculer d’un côté ou de l’autre.
Vous avez aimé le film ? Je vous propose de regarder Un prophète, Les Poings contre les murs et La ligne verte.