Eternal Daughter raconte l’histoire de Julie, une femme d’âge mûre, qui passe un séjour dans la campagne anglaise avec sa mère âgée. Les deux femmes viennent célébrer l’anniversaire de la dernière dans un lieu plein de souvenirs pour elle. Mais au fil du séjour, Julie entend des sons et commence à se sentir mal à l’aise. Pourquoi sont-elles les seules occupantes de l’hôtel ? Et d’où provient cette impression de malaise ?

The Eternal Daughter : Tilda Swinton

Ce film est tout-à-fait le genre de film que j’apprécie, un film contemplatif. Il ne se passe rien de particulier, mais on s’interroge sur le sens de la vie et le comportement des personnages. Dans Eternal Daughter, Julie est une femme obsédée par sa mère, qui déborde d’amour pour elle au point d’en négliger sa propre vie et sa vie de couple.

Un séjour dans la campagne anglaise

La campagne anglaise. La nuit. Le brouillard. Julie et sa mère Rosalind se réjouissent de passer du temps ensemble pour célébrer l’anniversaire de la matriarche. Les deux femmes Hart ont choisi de se rendre dans l’hôtel où la mère s’était réfugiée pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle y possède des souvenirs à la fois agréables et douloureux. Mais en réalité, Julie, réalisatrice, espère réaliser un film sur sa relation avec sa mère, dont elle est particulièrement proche. Peut-être même trop proche. Elle semble avoir une relation de dépendance envers elle, toujours à l’écoute, toujours aux petits soins.

Le soir de leur arrivée, Julie est confrontée à une réceptionniste particulièrement désagréable, un comportement qu’elle va conserver tout au long du séjour. Cette femme détestable va être une espèce de fil rouge tout au long du film, qui se déroule principalement de nuit. On ne comprend pas réellement ce qui se passe dans Eternal Daughter. Et c’est tant mieux. Il faut s’accrocher pour apprécier pleinement cette histoire de famille.

Une étrange relation

Leurs journées se ressemblent. Elles se lèvent, prennent leur petit-déjeuner, puis la mère fait une sieste et pendant que Julie tente de travailler. Tenter est bien le mot. Car elle n’y parvient pas. Elle souffre d’un blocage dont elle ne comprend pas les raisons. Sa frustration ne cesse de grimper, qu’elle essaye de contrôler afin de ne pas gâcher le séjour de sa mère qui semble s’y plaire. Cette dernière sent son agacement et tente de la réconforter, mais rien n’y fait. Lorsqu’elles passent du temps ensemble, Julie enregistre secrètement sa mère afin de consigner ses souvenirs pour son livre. Elle lui raconte les changements dans l’hôtel depuis qu’elle y a séjourné dans les années 1940. De bons et beaux souvenirs pour certains. Douloureux pour d’autres.

The Eternal Daughter : Tilda Swinton
© Condor Distribution

Plus le temps passe, plus Julie remarque des choses bizarres. Où sont les autres clients de l’hôtel ? Pourquoi la réceptionniste, de perpétuelle mauvaise humeur, semble être la seule employée ? Et quels sont ces bruits qu’elle ne cesse d’entendre et qui l’empêche de travailler ? Est-ce que tout est réel ? Ou a-t-elle été ensorcelée par l’atmosphère étrange de la campagne anglaise. Après tout, elles sont perdues au milieu de la campagne anglaise, loin de tout. Et de tout le monde visiblement.

Tilda Swinton. What else ?

Tilda Swinton est l’actrice principale du film Eternal Daughter, réalisé par Joanna Hogg. Elle interprète à la fois le rôle de la fille et de la mère. L’interprétation est fantastique (on parle quand même de Tilda Swinton !) et la réalisation réussie. J’ai été très impressionnée par le montage, intelligemment fait. Pendant les ¾ du film, on ne voit jamais les deux femmes ensemble, même si elles communiquent constamment. Le maquillage, la coiffure et surtout la démarche de l’actrice la rendent particulièrement crédible. Elle est en effet très dynamique, vivante et énergique dans le rôle de Julie, et plus fragile et délicate dans son interprétation de Rosalind. Les regards qu’elles se portent l’une à l’autre sont emplis d’amour mais aussi de frustration. Car Julie semble penser qu’elle aime sa mère plus que celle-ci ne l’aime.

The Eternal Daughter :Tilda Swinton
© Condor Distribution

L’hôtel est le troisième personnage du film. Tour à tour accueillant et inquiétant, il héberge les femmes Hart pour le pire et pour le meilleur. On passe de leur chambre à la réception, aux jardins et à la salle à manger. Elles passent d’un endroit à un autre suivant leurs émotions et les moments de la journée.

Soyons clair, tout le monde n’aimera pas Eternal Daughter, une production et distribution A24, une compagnie que l’on ne présente désormais plus. Certains vont même le détester. Le mieux est de le regarder (ou commencer) afin de se faire sa propre opinion.

Si vous avez aimé Eternal Daughter, vous allez peut-être aussi aimer Des hommes et des dieux ou Paterson.

Bande-annonce

You may also like

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *