Dans Le ravissement, Lydia est une sage-femme particulièrement appréciée de ses collègues et de ses patientes. Elle est très proche de sa meilleure amie, Salomé, au point de l’aider tout au long de sa grossesse. Elle fait également la connaissance de Milos, un chauffeur de bus dont elle tombe amoureuse. Pourtant, un simple mensonge fait dérailler toute sa vie et celle de ses proches.
Iris Kaltenbäck réalise un film très touchant. Nous passons du drame, au thriller, au drame. La mise en scène permet de nous plonger au cœur du récit grâce à la voix off qui nous raconte l’histoire du point de vue de Milos, alors que le film se concentre sur Lydia. Gros coup de cœur pour Hafsia Herzi, flamboyante du début à la fin.
Lydia et sa meilleure amie Salomé sont fusionnelles depuis une dizaine d’années. Elles passent beaucoup de temps ensemble jusqu’à ce que Salomé tombe enceinte. A partir de ce moment, tout tourne autour de la grossesse de cette dernière. Pendant ce temps, la vie privée de Lydia s’assombrit. Elle souffre en effet du départ de son compagnon qui a rencontré quelqu’un d’autre. Elle passe donc son temps à déambuler dans les rues et à prendre le bus en attendant qu’il quitte leur logement. Jusqu’au jour où Lydia fait la rencontre de Milos, un chauffeur de bus auquel elle s’attache. Mais ce dernier ne recherche rien de sérieux. Elle décide alors de mentir pour retenir son attention. Malheureusement, ce mensonge devient rapidement hors de contrôle et Lydia ne maitrise plus rien.
Une relation fusionnelle et explosive
Lydia est seule. Elle explique n’avoir pour seule famille que Salomé, avec laquelle elle partage tout. Bonheur comme malheur. Leur relation est si fusionnelle que Lydia accompagne son amie tout au long de sa grossesse, jusqu’à son accouchement. Néanmoins, cette relation semble également présente des inconvénients. En effet, lorsque l’une est aux anges, l’autre semble déprimer et vice versa. Ainsi, quand Salomé apprend qu’elle est enceinte, Lydia apprend que son compagnon l’a trompée. Lorsque Lydia prend plaisir à sortir promener Esmée, la fille de son amie, cette dernière parait souffrir de dépression post-natale. A certains moments, elles ne paraissent pas être capables d’être heureuses en même temps, comme si elles se partageaient une quantité limitée de bonheur.
Une femme seule et perdue
Dans Le ravissement, On comprend rapidement que Lydia approuve un attachement démesuré pour la petite Esmée, une ravissante petite fille. Elle veut passer tout le temps possible avec elle, sous couvert d’aider son amie. Ceci s’explique par la situation familiale de la jeune femme. On apprend en effet qu’elle n’a aucune famille. La seule personne qu’elle considère comme sa famille, c’est Salomé. Puis Esmée. Elle a donc tendance à s’accrocher aux gens très facilement. C’est ce qui se produit avec Milos, un chauffeur de bus qu’elle rencontre un soir de déambulations. Elle s’endort et finit au terminus. Alors qu’ils passent une nuit ensemble, elle s’attache rapidement au jeune homme et cherche à le revoir en traînant sur sa ligne. Mais il douche rapidement ses espoirs car pour lui, il ne s’agit pas d’une relation sérieuse. Lydia est donc attirée par un homme qui ne s’intéresse pas à elle.
Petit mensonge deviendra gros
Impossible de dévoiler le mensonge sans dévoiler l’intrigue principale du film. Je vais donc faire un article séparé afin de parler de l’intrigue du film Le ravissement avec spoilers. Pour expliquer un peu l’histoire, il faut savoir que le mensonge implique la famille de son amie Salomé et Milos. Parti comme un petit mensonge, il devient de plus en plus gros à mesure que Lydia doit en assume les conséquences et jongler entre ses amis afin qu’ils ne découvrent pas la vérité. Il apparait évident qu’elle ne prévoit rien et qu’elle agit au jour le jour. Elle s’adapte, elle ment, elle s’organise. Mais plus elle s’enfonce dans son mensonge, plus il est évident qu’elle ne pourra pas tenir sur la durée. Je n’arrive pas à comprendre comment elle pensait s’en sortir avec un mensonge aussi gros. De plus, quand on la traite de manipulatrice, je ne suis pas d’accord, car après avoir dit son mensonge, elle ne fait que s’adapter à lui. Elle ne parvient pas à dire la vérité, donc elle poursuit son mensonge. On voit bien qu’elle sait qu’elle ne pourra pas continuer mais qu’elle ne sait comment s’arrêter ou qu’elle pense qu’elle ne le peut plus.
Un très beau casting et une mise en scène originale
Hafsia Herzi est fantastique. Elle porte littéralement le film sur ses épaules. Elle interprète une jeune femme perdue, qui s’accroche à la moindre trace d’affection, jusqu’à en devenir obsessive. Pourtant, je ne l’ai jamais perçue comme dangereuse. Affreusement triste, seule, presque dépressive à certains moments, le contraste avec son comportement dans sa vie professionnelle est impressionnant. On dirait le jour et la nuit. Son alchimie avec Nina Meurisse, qui interprète Salomé, fonctionne parfaitement. L’amitié entre les deux femmes est au cœur du film Le ravissement et la grossesse de cette dernière les lient encore plus. Quant à Alexis Manenti, Milos, il devient rapidement incontournable dans la vie de Lydia. D’abord histoire d’un soir, il prend de plus en plus d’importance dans l’existence de la jeune femme. La relation entre ses trois personnages est sublimée par une très belle mise en scène. En effet, Milos intervient ponctuellement en voix off pour donner des détails supplémentaires sur telles ou telles scènes, nous donnant son opinion sur certains sujets. J’ai beaucoup aimé cette façon de faire, car on nous explique ce qui va se dérouler à la fin sans trop nous donner de détails. C’est comme une enquête que nous devons résoudre en ne possédant que certains éléments.
Le ravissement est un très beau film sur l’amitié, la famille et le mensonge. Vous voulez en savoir plus sur le film ? Découvrez l’article suivant avec spoilers.
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