300views

Mon crime se déroule à Paris, dans les années 1930. Madeleine Verdier est une aspirante actrice qui cherche à percer dans le monde du théâtre et du cinéma, sans succès. Elle vie en colocation avec son amie Pauline, jeune avocate sans travail. Un beau jour, Madeleine est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Elle est jugée, défendue par son amie et acquittée. Commence alors une vie de gloire et de succès, jusqu’à ce qu’un témoin sorte de l’ombre…

Mon crime affiche

François Ozon a encore frappé ! Et quelle frappe ! Le réalisateur, qui touche à tous les styles avec brio, nous plonge dans les années 1930, époque où les femmes commencent à se rebeller contre le patriarcat. Il nous livre un film formidable, très théâtral. Il est d’ailleurs indiqué dans les crédits de fin qu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre. Tous les acteurs sont fantastiques, et partagent une incroyable alchimie. Mon crime est un film que l’on savoure avec délice.

Une vie de femme, une vie de misères

Mon crime commence avec Madeleine quittant en toute hâte une maison. Elle semble bouleversée et agitée. De retour chez elle, elle raconte à sa colocataire Pauline Mauléon, une avocate à la recherche d’un emploi, avoir échappée aux avances d’un vieux producteur qui cherchait à en faire sa maitresse. Les deux femmes sont dans une situation difficile. Sans travail et sans revenus, elles doivent plusieurs mois de loyer à leur propriétaire, venu les menacer d’expulsion.

Alors que la situation ne pouvait être pire, André Bonnard, le soupirant de Madeleine, vient lui annoncer son mariage prochain et sa volonté de faire d’elle sa maitresse. Fils d’un riche industriel automobile, il vit aux crochets de son père qui refuse de lui donner plus que de l’argent de poche. Parce qu’il refuse de travailler, la seule solution qu’il a trouvée consiste à épouser une riche héritière. Même si elle a un physique ingrat. Mais le sacrifice en vaut la peine.

Et la situation continue de mal en pis ! Peu après son départ, un inspecteur vient leur rendre visite. Il leur annonce la mort de Mr Montferrand, assassiné peu de temps après le départ de Madeleine. Rapidement accusée par le juge Gustave Rabusset, elle commence par nier. Puis elle finit par avouer quand le juge lui fait comprendre qu’elle pourrait éventuellement être acquittée si elle plaide la légitime défense. Ce qui finit par se produire après un procès retentissant, au cours duquel Madeleine et Pauline se plaignent de la condition des femmes, maltraitées par les hommes qui les entourent.

Madeleine devient une actrice à succès, enfin fiancée à son amoureux contre l’avis du père de ce dernier. Quant à Pauline, elle est devenue une avocate à succès, que les femmes s’arrachent. Alors qu’elles mènent enfin une vie de rêve, logeant dans un hôtel particulier des beaux quartiers, une femme étrange, Odette Chaumette, fait son apparition, affirmant détenir des informations sur le meurtre de Mr Montferrand…

Un casting 5 étoiles

Mon crime est un très bon film théâtral. Les actrices jouent et surjouent avec un plaisir évident. Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, respectivement Madeleine et Pauline, confirment leur talent d’actrice. La première a reçu le César du meilleur espoir féminin 2023 pour le film Les Amandiers. Quant à la seconde, elle s’est récemment faite remarquée dans le film De grandes espérances. Leur duo est fantastique et fonctionne à merveille. Elles sont complémentaires, l’une supportant l’autre quand le moral diminue. Et que dire d’Isabelle Huppert, dans l’un de ses rôles les plus originaux depuis des années ! Manipulatrice, arrogante et sûre d’elle, on se laisse séduire par cette femme haute en couleurs.

Mon Crime: Isabelle Huppert, Rebecca Marder, Nadia Tereszkiewicz
© Carole Bethuel – 2023 – MANDARIN ET COMPAGNIE – FOZ – GAUMONT – SCOPE PICTURES – FRANCE 2 CINEMA – PLAYTIME PRODUCTION

Les hommes ne sont pas en reste. Fabrice Lucchini interprète avec brio un juge incompétent et lâche. Dany Boon, que je n’aime pas vraiment en tant qu’acteur, m’a vraiment bluffée dans le rôle d’un homme d’affaires plus profond qu’il n’y parait. André Dussollier et Édouard Sulpice, dans les rôles du père et du fils Bonnard, sont également formidables.

Un très bon film de François Ozon

J’ai vraiment aimé la mise en scène, qui rappelle sans arrêt qu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre, Mon crime de Georges Berr et Louis Verneuil (1934). François Ozon a vraiment semblé s’amuser en réalisant ce film. On le voit à la façon dont il filme, avec ses gros plans sur les visages, les magnifiques costumes d’époque, les coiffures et maquillage et les superbes décors. Plus le temps passe, plus le réalisateur et sa filmographie m’impressionnent. Il est de ces hommes qui ne craint pas de prendre des risques comme le prouve Grâce à Dieu, Été 85, Huit Femmes ou encore Potiche.

Mon crime: Fabrice Luchini, Dany Boon
© Carole Bethuel – 2023 – MANDARIN ET COMPAGNIE – FOZ – GAUMONT – SCOPE PICTURES – FRANCE 2 CINEMA – PLAYTIME PRODUCTION

Mon crime est plus qu’un film qui dénonce la condition des femmes en France en 1930. Il fait des femmes des héroïnes, prêtes à tout pour se libérer du patriarcat en place. A cette époque, les femmes n’avaient pas le droit de vote et étaient très dépendantes des hommes. Le film fait ainsi écho à des crimes violents commis par des femmes et qui ont fait la une des journées comme celui des sœurs Papin, des domestiques qui ont tué (et même massacré, elles leur ont arraché les yeux !) la femme et la fille de leur employeur. Ayant tué pour protéger son honneur et sa vertu, Madeleine est admirée, jalousée et crainte. Les gens sont également admiratifs devant Pauline, qui n’hésite pas à lutter contre les hommes pour améliorer la vie des femmes.

Si comme moi vous avez aimé Mon crime, jetez-vous sur Huit femmes, Potiche ou Saint Omer.

Bande-annonce

You may also like

3 Comments

  1. Pingback: Anatomie d’une chute, le procès d’une femme Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires

  2. Pingback: Saint Omer, le procès d’une mère Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires

  3. Pingback: Amsterdam, le grand retour de David O. Russell Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *