Au premier abord, on voit tout de suite qu’il y a un problème avec Dalva. Elle est âgée de 12 ans, mais s’habille comme une adulte et se maquille à outrance. Retirée de la garde de son père, elle est placée dans un foyer sous la garde de Jayden, un éducateur. Elle y fait la rencontre de Samia, une adolescente à la personnalité très forte. Petit à petit, l’adolescente va apprendre à devenir une adolescente de son âge.

J’en suis encore toute retournée. Je ne savais pas quoi penser de ce film au début, mais la bande-annonce m’a convaincue d’aller le voir. Je ne le regrette pas un seul instant. Touchant, poignant et incroyablement pudique, Dalva nous plonge dans le monde de l’inceste et de ses répercussions sur les victimes.

Une jeune fille perdue

Le film place le décor tout de suite. Dans une maison, de nuit, un homme est arrêté par la police sous les hurlements de colère et de peur d’une jeune fille. Elle est si agitée que les policiers doivent l’enfermer dans une pièce et fermer à clef. Très rapidement, nous comprenons qu’elle a été victime d’abus sexuels et de viols de la part de son père. Ce dernier est incarcéré et la jeune fille est placée en foyer. Dalva ne comprend pas ce qui se passe, elle ne comprend pas pourquoi personne ne comprend la relation qu’elle entretient avec son père. Pour elle, il n’y a aucun de problème.

Perdue, seule, effrayée, Dalva n’a qu’une seule obsession, revoir Jacques, son père. Grève de la faim, colère, agressivité, elle est prête à tout pour le revoir. L’incompréhension est totale. Pourquoi tout le monde veut les séparer ? Pourquoi traite-t-on son père comme un criminel ? Elle continue de se maquiller comme une femme, elle porte des tenues aguichantes totalement inappropriées, elle a un rapport de séduction avec les hommes. Les abus qu’elle a subis ont façonné sa personnalité, détruisant son innocence d’enfant et perturbant ses relations avec les autres.

Dalva : Zelda Samson

La particularité de ce film vient du fait qu’il se concentre sur la victime et les conséquences du crime dont elle est la victime. On parle du père, mais en arrière-plan. On ne se concentre pas sur lui mais sur sa fille. C’est un film très dur, mais qui ne tombe jamais dans la vulgarité facile ou la violence excessive. Toutes les scènes sont justifiées, aussi dérangeantes qu’elles soient. On est parfois mal à l’aise mais je pense que c’est nécessaire. Comme lorsque Dalva explique à la psychologue que sa relation avec son père est parfaitement normale, qu’il s’agit d’amour.

Dalva, une jeune fille en reconstruction

Dalva est un film fantastique, interprété par des acteurs au jeu d’une incroyable justesse. Zelda Samson est formidable pour son premier rôle. C’est incroyable. Dans toutes les scènes où elle apparait, elle vampirise l’écran. J’ai adoré la voir se développer et passer de chrysalide à papillon. Après avoir vécu sous la coupe de son père pendant des années, elle s’ouvre au monde et découvre ce que signifie être un enfant. Plus le temps passe, plus elle passe du temps avec des enfants de son âge, plus elle se comporte comme une enfant. C’est tellement beau à voir. Elle peut enfin faire ce qu’elle veut, porter ce qu’elle veut. Elle a enfin des ami(e)s. Notamment Samia, une adolescente en colère, fille d’une prostituée. D’abord agressive envers Dalva, elle finit par la prendre sous son aile comme un mentor. La relation entre les 2 jeunes filles fait vraiment plaisir à voir.

Dalva : Zelda Samson

J’ai aussi beaucoup aimé la relation de Dalva avec Jayden, son éducateur. Dalva est une jeune fille victime d’abus sexuelles. Son rapport aux hommes est donc perturbé. Elle voit tout sous le prisme de la sexualité. Le rôle de Jayden va donc constituer, entre autres, à rendre à la jeune fille son innocence, en nouant avec elle une relation basée sur la confiance et le respect. Tout un programme. Nous suivons la reconstruction d’une enfant détruite par les agissements pervers de son père.

Dalva est le premier long-métrage d’Emmanuelle Nicot. C’est très impressionnant. Déjà réalisatrice de plusieurs courts-métrages, elle est passé au long avec un film sur un sujet très dur, abordé avec pudeur et justesse. Preuve de son talent, le film a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2022.

Vous avez aimé Dalva ? Je vous conseille de lire Le consentement de Vanessa Springora et Bénie soit Sixtine de Maylis Adhemar.

Bande-annonce

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