Séoul, 1970. Kim, un réalisateur raté, est persuadé de tenir un chef-d’œuvre avec son film Cobweb. Si seulement on le laisse retravailler la fin. Mais tout semble se liguer contre lui : la censure, les acteurs et les producteurs. Néanmoins, Kim est prêt à tout pour terminer son film. Telle est l’histoire de Ça tourne à Séoul ! – Cobweb.
Je ne sais pas ce que j’ai vu, mais j’ai adoré malgré quelques longueurs. On passe du drame à la comédie en un instant, avec des acteurs habités. Ça tourne à Séoul ! – Cobweb est un film passionnant dont on ne peut absolument pas prédire la fin. Une vraie réussite pour le distributeur The Jokers.
L’histoire se déroule à Séoul, en 1970. Après un premier film encensé par la critique, le réalisateur Kim est en panne d’inspiration. Tous ses films suivants ont en effet été massacrés par la presse. Il veut donc prendre sa revanche et prouver à tout le monde qu’il est un grand réalisateur. Il faut juste qu’on le laisse refilmer la fin de son film Cobweb. Mais rien ne se passe comme prévu. Alors qu’il est persuadé de tenir un chef-d’œuvre, personne ne croit en lui. Les acteurs trainent des pieds pour revenir. La censure refuse d’autoriser ce nouveau script jugé beaucoup trop subversif. Et sa productrice ne veut pas engager de nouveaux frais. Kim va devoir se battre pour imposer ses idées et donner vie à sa vision.
Un réalisateur inspiré
Malgré des moments de doutes, Kim croit en lui. Il croit mordicus en son talent. Et c’est bien là le problème, car il est le seul. Jusqu’à ce qu’il fasse lire son scénario à Mi-do, la belle-fille de sa productrice et future héritière des studios. Elle a un véritable coup de foudre pour cette œuvre. Elle est prête à se battre pour ce film auquel elle croit corps et âme. D’autres membres de l’équipe de tournage se montrent également très loyaux envers le réalisateur. Tout ce beau monde accepte de braver la censure afin de terminer le tournage de ce film étrange.
Un scénario incompréhensible ou un script de génie ?
Les réactions divergent à la lecture du scénario. Certains adorent. D’autres marquent leur incompréhension. Il y a également ceux qui considèrent le script comme étant subversif et contraire aux bonnes mœurs. Le film de Kim rappelle en effet les films Rebecca et La servante. On parle d’une femme qui arrive dans une famille riche après avoir épousé le fils. Mais sa belle-mère la méprise car elle vient d’une classe sociale inférieure. Dans le même temps, son mari entame une liaison avec l’une des employées de son usine. Va s’ensuivre une lutte entre tous les personnages avec des coups bas et autres entourloupes. Un vrai régal. Le film est tellement mauvais qu’il en est génial.
Ça tourne à Séoul ! – Cobweb et son incroyable mise en scène
Dans Ça tourne à Séoul ! – Cobweb, la mise en scène est fantastique. Le film se passe la plupart du temps dans des studios de cinéma. Nous passons donc d’un décor à un autres, d’une scène à une autre, d’une ambiance à une autre très facilement. Nous suivons donc cette équipe de tournage qui a deux jours pour faire de reshoots et terminer le film de Kim sans se faire prendre par la censure. Manipulations, mensonges, cachotteries, tout est bon pour terminer le film. Tous les costumes sont magnifiques et reflètent bien l’époque avec les pantalons à jambes larges et les chemises au long col. Le film semble se dérouler à une époque plus ancienne. Mais là aussi les costumes sont superbes. Nous voyons à chaque fois l’envers du décor du film avec les effets spéciaux et les différentes techniques de tournage. C’est une équipe soudée qui veut terminer Cobweb avant de reprendre sa vie. Mention spéciale à la dernière scène de tournage, un long plan-séquence qui marque la fin du film. Nous découvrons à la fois la façon dont la scène a été tournée et le résultat final. Chapeau bas.
Des acteurs enthousiastes
J’aime beaucoup les films dans les films. Lorsque les acteurs interprètent des acteurs et qu’ils tournent dans un film comme c’est le cas dans Tonnerre sous les tropiques par exemple. L’avantage est qu’ils peuvent en faire trop sans être ridicules puisqu’ils interprètent un personnage en tant qu’acteur dans un film. Tous les personnages de Ça tourne à Séoul ! – Cobweb sont hauts en couleur. Excentriques, narcissiques, hautains mais passionnés, ils donnent tout pour leurs rôles respectifs. Nous avons les quatre acteurs/personnages principaux : Han Yu-rim la maitresse, Kang Ho-se le fils, Lee Min-Mi la femme et Madame Oh la mère. Ce quatuor ne se supporte pas et va magouiller afin d’éliminer l’autre. Vient ensuite Shin Mi-do, la nièce de l’ancien propriétaire des studios. Agressivement passionnée, elle va se battre pour la vision de Kim. Ce dernier est interprété par Song Kang-Ho, plus connu en France pour son rôle dans le film Parasite et Les bonnes étoiles. Dans le film, c’est un homme obstiné et têtu, qui se rend malade à force de penser à son film. Il est persuadé de tenir un chef-d’œuvre, le film de toute une vie. Il y a également la Présidente Baek, la productrice, une femme bruyante qui aime les belles choses. D’abord opposée à Kim, elle finit par le soutenir quand les autorités de la censure font leur arrivée dans les studios. Tout ce beau monde partage une belle alchimie dans un joyeux foutoir.
Ça tourne à Séoul ! – Cobweb est un film qui peut submerger. Il se passe beaucoup de choses, il y a plusieurs niveaux de compréhension et énormément de personnages. Mais si vous faites l’effort de vous laisser porter, vous allez passer un très bon moment devant ce film coréen.
Vous aimez aimé Ça tourne à Séoul ! – Cobweb ? Je vous propose de regarder Rebecca, La servante, The Housemaid et Tonnerre sous les tropiques.