Estella est un génie incontrôlable aux cheveux noir et blanc que sa mère canalise avec la plus grande peine. Au décès, brutal, de cette dernière Estella rejoint deux jeunes voleurs. Des années plus tard, la jeune femme se fait remarquer pour ses talents de styliste la célèbre baronne von Hellman. Mais leur relation dégénère à mesure qu’Estella apprend des éléments de son passée. Sa colère et sa haine grondent, jusqu’à donner naissance à Cruella.
Emma Stone. Je le dis avec force et vigueur, Emma Stone porte le film à bout de bras, opposée à l’époustouflante Emma Thompson. Dynamique, colorée et vivant, Cruella retrace avec beaucoup d’efficacité la jeunesse de celle qui deviendra l’un des plus grands méchants de l’univers Disney.
La génèse de Cruella
La jeune Estella n’a jamais été capable de tenir en place. Hyperactive, douée pour la couture et très vive d’esprit, elle a du mal à se faire des ami(e)s. Ses troubles du comportement poussent même le chef d’établissement à la renvoyer. Mère et fille décident donc de se rendre à Londres avec l’espoir d’une vie meilleure. Malheureusement, Catherine, sa mère meurt brutalement et la petite fille se retrouve seule à Londres. Sur place, elle fait la connaissance de Jasper et Horace, deux enfants qui survivent de larcins. C’est le début d’une grande amitié.
Dix ans plus tard, dans les années 1970, le trio est au sommet de son art, capable de voler tout et tout le monde. Mais Estella se morfond car son rêve a toujours été de devenir une designer, inspirée par le travail de la baronne von Hellman, la meilleure créatrice de mode de l’époque. Un beau jour, son travail est remarqué par la créatrice qui l’embauche. Estella commence enfin à vivre son rêve, jusqu’au jour où elle apprend des révélations qui la bouleversent. Incapable d’y faire face, un aspect sombre de sa personnalité fait son apparition. Cruella est née.
Deux femmes au sommet
J’ai beaucoup aimé le parti pris de Craig Gillespie, le réalisateur. Ce dernier a choisi d’opposer deux femmes aux fortes personnalités afin d’expliquer comme la jeune Estella s’était transformée en Cruella. Que se passe-t-il lorsqu’un génie succombe à son côté obscur ? Lorsqu’il s’affranchit de toutes les règles pour ne se laisser porter que par son esprit de revanche, ivre de colère et de rancune ?
Emma Stone fait un travail fantastique. Elle passe d’un aspect de sa personnalité à un autre avec la plus grande facilité. Certes, elle est aidée par le maquillage et les costumes, mais son jeu d’actrice est vraiment au point. Elle est capable de passer par toutes les émotions en un clin d’œil. Estella est une jeune femme pleine d’entrain, douce, soucieuse de ses amies, déterminée à travailler dur pour parvenir à ses fins. Cruella ne peut être plus différente. Obstinée, sans peur, cruelle, c’est une jeune femme qui suit ses instincts et ses envies. Mais les deux aspects de sa personnalité peinent à cohabiter. Plus Cruella prend le dessus, plus elle perd son humanité et moins elle se préoccupe des autres. Elle maltraite ses amis, et ne pense plus qu’à ses sombres desseins. Ce que j’ai aussi aimé, c’est qu’elle n’est jamais méchante, elle est cruelle. Un peu comme si elle s’imposait une ligne rouge à ne pas franchir. Elle n’est pas comme le Joker, qui, dans le film du même nom, embrasse complètement et sans retenue sa part sombre.
Sa Némésis est la baronne von Hellman, une femme égocentrique, narcissique et impitoyable. Au sommet depuis de nombreuses années, elle ne vit que pour ses défilés et les critiques dithyrambiques qu’elle reçoit. Elle prend tout d’abord Estella sous son aile avant de la percevoir comme une menace et de chercher à l’écraser, comme bien d’autres avant elle. Car Estella est trop talentueuse. Une bouffée d’air fraiche dont elle commence à sentir la brise. Une ennemie donc. Son personnage n’est pas sans rappeler celui de Miranda Priestly dans Le Diable s’habille en Prada. Une femme terrifiante et dure, que tout le monde craint et admire en même temps. Mais la comparaison s’arrête là, car la baronne est sans cœur, un vrai monstre., prête à écraser, détruire ou tuer tout ceux qui se placent sur sa route vers le succès.
La lutte entre ces deux femmes fortes est géniale. Elles ne retiennent pas leurs coups et ne se font pas de cadeaux. On est très loin de l’habituel crêpage de chignons entre femmes. Chacune se bat becs et ongles pour gagner ou conserver le pouvoir. La lutte est sans merci, à coup de défilés et de coups marketing. Méprisée, maltraitée, Estella se transforme en Cruella afin de lutter à armes égales. Elle a déjà perdu sa mère, elle refuse de laisser tomber son rêve.
Des défilés de mode constants
Les défilés de Cruella sont juste sublimes. Ils sont ancrés dans les années 70, mais sont d’une certaine intemporalité qui fait qu’on pourrait parfaitement les porter aujourd’hui. J’ai tout de suite pensé à Vivienne Westwood pour son côté punk-rock. D’ailleurs l’histoire se déroule en Angleterre, plus particulièrement à Londres. L’influence est donc réelle. Cruella ne tombe jamais dans la vulgarité ou la facilité. Elle s’inspire de son quotidien pour créer des tenues enchanteresses, au cours de défilés sauvages surréalistes qui font le buzz. J’ai juste craqué pour chacun de ses défilés et son énergie, enivrante. Le contraste entre ses vêtements, audacieux et dangereux, et les costumes de la baronne, plus propres et convenus, est flagrant. Cruella utilise majoritairement le rouge et le noir, ainsi que de nombreux accessoires, comportement à l’opposé de la baronne, qui privilégie les coupes classiques et les couleurs sobres. Si on nous demande de choisir un camp, le mien est fait !
Cruella est plus qu’une origin story. C’est l’histoire d’une femme qui a un jour décidé de prendre son destin en main, quitte à laisser sortir un aspect effrayant de sa personnalité. Peut-on vraiment la blâmer ?
Bande-annonce
Si Cruella vous a plu, je vous conseille le Les 101 dalmatiens ou Joker.