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Étudiante prenant part au soulèvement syrien, Waad al-Kateab filme son quotidien et celui de son mari Hamza, médecin. Douleurs, espoir, colère, doute, elle veut tout filmer afin de montrer les images à sa fille Sama, née pendant le siège.

Pour Sama

« Je ne veux pas mourir. »

Un film de toute une vie

La caméra semble organique, vivante. Nous nous trouvons au milieu d’Alep, de cette population syrienne qui se bat pour sa liberté. Ils ont tout sacrifié au nom de l’espoir. Leur quotidien est ponctué par les bombardements et la recherche de nourriture. C’est ce quotidien que film Waad.

La jeune femme comme à filmer lors de premières manifestations jusqu’aux bombardements sur la partie assiégée de la ville. Les bombes pleuvent, détruisant rues, habitations, hôpitaux. Hommes, femmes, enfants, les obus ne font pas de distinction. Les scènes de destruction de l’hôpital d’Alep filmées par les caméras de vidéo-surveillance sont terrifiantes. Et le bilan plus encore : 53 morts. Le personnel médical cherche alors un nouvel emplacement non référencé pour accueillir les habitants. Dans ce contexte, Hamza, d’abord simple médecin, installe un hôpital dans l’un des édifices encore debout, dont il devient le directeur. Il s’agit du dernier hôpital d’Alep. Tout le personnel présent est volontaire. Tous auraient pu partir mais ont fait le choix de rester et de soigner. Petit à petit, de nombreux blessés affluent, et dans leur cortège de nombreux morts.

Une vie sous les bombardements

Waad filme sans concessions. Elle montre tout, ne dissimule rien. La jeune femme va jusqu’à interpeler le monde entier par l’intermédiaire de sa caméra. Son but est de montrer à sa famille qui vit à l’étranger et au reste du monde ce qui se passe à Alep. Les scènes sont choquantes, les habitants désespérés. Et le monde statique.

« On ne pensait pas que le reste du monde laisserait faire ça. »

Idéaliste dans ses débuts, elle refuse pourtant de perdre la foi et de se laisser abattre. Avec son mari, ils comptent se battre jusqu’au bout. Et les moments de joie ponctuent ces moments sombres. Waad et Sama, d’abord simples amis, se rapprochent en effet, jusqu’à former un couple et se marier. Le couple va également accueillir une petite fille, Sama, symbole de l’hôpital.

Pour Sama Waad al-Kateab Edards Watts
© ITN Productions

« Les enfants imitent leurs parents et nous, on est optimiste. »

Une lettre d’amour à sa fille

Sama est le cœur du film Pour Sama. Waad réalise en effet ce film pour sa fille et les enfants syriens, afin de leur transmettre un message : ne jamais abandonner. Se battre pour ses principes. Les habitants d’Alep ont beau avoir été abandonnés par la communauté internationale, ils ne quitteront pas leur ville et leur pays. Ils ne l’abandonneront pas aux mains de Bashar al-Assad. Quitte à tout sacrifier.

« Ton seul crime est d’avoir une mère journaliste et un père médecin. »

Le quotidien des enfants est terrible, fait de bombardements et de moments passés à l’école. Ils ont recours à un vocabulaire qu’aucun enfant ne devrait disposer à un âge aussi jeune. Mort, bombe à fragmentation… Ils ont perdu leur innocence et ont grandi trop vite. Lorsqu’ils jouent, c’est caché chez eux ou dehors parmi les décombres. Les enfants et leurs familles doivent également composer avec la pénurie. Ils manquent de tout, tant sur le plan alimentaire que matériel.

Pour Sama Waad al-Kateab Edards Watts
© ITN Productions

Protéger sa famille à tout prix

Partir ou rester ? A plusieurs reprises, la question se pose. Rester et se battre ou partir et se mettre en sécurité ? Lorsque la Russie propose une trêve afin de permettre aux habitants d’évacuer, Waad et Hamza décident de partir avec Sama. La situation est de fait de plus en plus difficile et dangereuse. Les bombent pleuvent et avec elles viennent la peur. Le départ de la petite famille est déchirant, car ce n’est pas un départ volontaire. Mais la sécurité de leur fille prime sur tout le reste.

« Les au revoir sont pires que la mort. »

Pour Sama Waad al-Kateab Edards Watts
© ITN Productions

Pour Sama est bien plus qu’un témoignage vidéo. C’est la preuve de l’impuissance et de la faiblesse du monde face à la folie meurtrière d’un homme. La population syrienne souffre, les habitants sont oppressés, Alep est détruite. Mais personne ne bouge (n’a bougé), trop occupé à « condamner avec la plus grande fermeté » et empêcher l’exode des Syriens en Europe.

« Que Dieu vous pardonne de m’avoir laissé seul ici. »

Pour Sama Waad al-Kateab Edards Watts

Bande-annonce

La thématique de Pour Sama vous a touché ? Je vous propose de visionner Sympathie pour le diable, Sept hivers à Téhéran et Flag.

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