Pendant un an, les réalisateurs Xabi Molia et Agnès Molia ont suivi les élèves d’une classe « Starter » à Grenoble dans le cadre du documentaire Un bon début. Cette classe, destinée aux élèves en rupture avec le système scolaire classique, doit leur apporter une alternative. Et une nouvelle manière d’avancer dans la vie.

Les documentaires et films sur la vie scolaire peuvent être très réussis (La vie scolaire, Des ados pas comme il faut…), comme très mauvais et moqueurs (ils ne valent pas la peine qu’on en parle). Un bon début est un très beau documentaire qui ne tombe pas dans le patos. Les élèves ne sont pas traités de façons condescendantes. Ils parlent de leurs situations avec leurs propres mots. C’est simple, mais c’est beau.

Des jeunes en rupture scolaire et familiale

Un bon début parle d’adolescents en situation de décrochage scolaire. Des jeunes en rupture qui sont perdus. La plupart vivant une situation familiale compliquée, cela impacte très fortement leur parcourt scolaire. Au sein de « Starter », Antoine Gentil, le directeur, leur offre une alternative. Prendre un autre chemin pour passer le bac et reprendre une scolarité normale. « Starter » mélange cours et stages afin que les élèves retrouvent le goût des études et l’envie de s’en sortir.

Un bon début documentaire
© Haut et Court

Le documentaire fait un très bon travail en montrant le quotidien du personnel scolaire et la situation des élèves. On ne tombe pas dans le larmoyant. Ces jeunes veulent s’en sortir. Mais ils ne savent pas comment faire. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est la présence constante des parents. Trop souvent dans les médias ou les réseaux sociaux, on voit les gens qui s’interrogent en se demandant que font les parents. Où sont les parents ? Et bien ils sont tout simplement dépassés. Face à des enfants violents, réfractaires aux règles ou tout simplement perdus, comment réagir ? Vers qui se tourner ?

Il est très facile de juger lorsque l’on ne se trouve pas dans la même situation. Tamara, Frank, Nels, Zyad, Melinda, tous ces jeunes trouvent des repères au sein de « Starter ». Certains vivent avec leurs familles, d’autres sont placés en foyer. Pour la première fois depuis longtemps, ils rencontrent des adultes qui vont se battre pour eux. Antoine Gentil leur dit les choses dès le départ, en leur expliquant qu’il ne les lâcherait pas. Ils sont tous dans le même bateau, le personnel scolaire, les élèves, les parents et pour certains les services sociaux. Leur but est le même : la réussite des élèves. On peut physiquement sentir le soulagement des parents qui ont enfin du soutient. Ils ne sont plus seuls.

Remettre les adolescents sur le droit chemin

Antoine Gentil est strict dès le départ. Il impose des règles. Il se poste à l’entrée du portail tous les matins et serre la main de chaque élève. Il leur dit bonjour en les regardant droit dans les yeux. Le contact visuel est constant. Régulièrement il leur demande de le regarder, de ne pas baisser les yeux. Il leur demande constamment leur opinion. Il se soucie de leurs envies. Il leur demande de se projeter. Que veulent-ils devenir ? Quels sont leurs projets d’avenir ? Cette question est importante, car le but est qu’ils reprennent un parcourt scolaire normal après le BAC. Certains se destinent à un BAC pro, d’autres à un CAP.

Un bon début documentaire
© Haut et Court

Un enfant, une histoire. Après des années à se gaver de bonbons, Tamara a été diagnostiquée diabétique, le plus grand regret de sa vie. Depuis lors, elle passe son temps à fuguer et ne suit pas son traitement de manière régulière. Car elle ne supporte pas la situation. Nels vit en foyer, loin de sa mère après des problèmes avec la justice. C’est un jeune passionné de pâtisserie qui rêve de faire des études dans ce domaine. Mais il est tellement habitué à l’échec et l’abandon qu’il s’aborde volontairement les chances qui lui sont données. Frank est harcelé par des gens qui lui ordonnent de commettre des vols. La situation est si dangereuse qu’il quitte brutalement l’école pour être placé en sécurité dans une autre ville. Leurs histoires ont beau être différentes, elles ont toutes un point commun. Une volonté farouche de s’en sortir. Mais un manque de confiance en soi gigantesque.

Un système scolaire français élitiste

De mon point de vue, le système scolaire traditionnel n’est pas fait pour tout le monde. De plus, la France est très élitiste. Ce qui m’a toujours posé problème. Car il y a une idéalisation malsaine des diplômes et de certaines écoles. Maintenant que je fais passer des entretiens d’embauche, j’ai un aperçu des 2 côtés de la barrière. Je travaille dans la rédaction, et j’ai un profil littéraire/rédactionnel, donc je privilégie les personnes dans ma situation. Les études comptent bien sûr, mais je n’ai aucun problème à embaucher quelqu’un avec très peu d’expérience, mais une grosse motivation.

Dans le cas présent, ces jeunes se destinent à des CAP et BAC pro. Ce qui est tout à leur honneur. Pourtant, ce type de diplôme est mal considéré en France. Il a mauvaise réputation comme si le fait d’être issu d’une grande école était la seule alternative respectable. Je n’ai jamais compris cette logique. Jamais. J’ai fait de longues études comme on attendait de moi, et ça ne m’a pas garanti un travail super bien payé. Et j’ai un BAC+5. Donc il est très agréable de voir la joie de ces enfants lorsqu’ils parviennent à leur but. C’est une joie sincère. Une joie pure. Dans Un bon début, le personnel enseignant est passionné. Ces adolescents sont motivés par des gens qui croient en eux. Qui les poussent dans la bonne direction. Attention, on n’est pas dans un conte de fée. Tous ces enfants ne vont pas s’en sortir. Mais pour l’instant ils sont fiers d’eux. Et c’est le plus important.

Un bon début documentaire
© Haut et Court

Bande-annonce

Vous avez été touché par Un bon début ? Vous apprécierez La vie scolaire, Des ados pas comme il faut ou Et les mistrals gagnants.

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