En 2065, la relation de paix entre les humains et l’IA n’existe plus. Les robots ont en effet enclenché une explosion nucléaire au cœur de Los Angeles, tuant 1 million de personnes. Dix ans plus tard, l’Occident a construit Nomad, une arme surpuissante capable de détruire toutes les bases A n’importe où dans le monde. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua doit trouver et intercepter Nirmata, le leader des pros IA. Mais il finit par épouser la fille de sa cible, Maya, et le couple attend un enfant. Lorsque l’armée américaine débarque pour attaquer, elle meurt dans une explosion. Cinq ans plus tard, installé aux Etats-Unis, l’armée lui demande de retourner en Asie afin de tuer la super arme développée par Nirmata. Ils lui apprennent également que Maya serait peut-être encore toujours en vie…
Oh la la la ! Gros gros gros coup de cœur pour The Creator. Pas étonnant, il s’agit d’un film de Gareth Edwards, réalisateur de Rogue One: A Star Wars Story, le meilleur film de l’univers Star Wars à mes yeux. La force du metteur en scène réside dans sa capacité incroyable à humaniser de très gros films de science-fiction. On s’attache aux personnages, à leurs histoires, à l’histoire, tout en évoluant dans un univers fantastique avec de nombreux effets spéciaux.
The Creator est un film d’anticipation se déroulant vers 2065. L’IA est intégrée au quotidien. Les robots sont ainsi considérés comme des membres de la famille ou comme des agents de maintien de l’ordre. Ils remplacent les hommes dans les tâches pénibles du quotidien et facilitent la vie des hommes. Jusqu’à ce qu’un robot fasse exploser un missile nucléaire dans le centre de Los Angeles. Les dégâts sont considérables, plus d’un million de personnes sont tués. Dès lors, l’Occident, et plus particulièrement les Américains ont complètement renoncé à l’IA, la considérant comme une entité dangereuse et impossible à maitriser. Les Américains n’ont alors qu’un seul but, élimine toute forme d’IA partout dans le monde.
Pour ce faire, l’Occident a construit une station spatiale, une arme massive et dangereuse. Capable de traquer l’IA à travers le globe, elle peut détruire les base IA en un simple missile. Son but ultime ? Traquer Nirmata, le leader des pro IA et le tuer, peu importe le prix à payer. Quitte à sacrifier des innocents, femmes ou enfants. Le monde se divise en effet en deux camps, les pro IA en Asie, où les habitants vivent en harmonie avec les robots, et l’Occident, où toute intelligence artificielle est bannie. Joshua, soldat infiltré marié à une pro IA, va devoir choisir son camp…
La peur de l’IA, sujet au cœur de l’intrigue
Depuis l’arrivée de Chat GPT et compagnie, de nombreuses voix s’élèvent contre l’IA, l’accusant de tous les maux possibles et imaginables. Gareth Edwards nous jette à deux pieds dans le sujet, en imaginant un monde dans lequel humains et IA cohabitent plus ou moins pacifiquement. Objet de servitude pour certains, membre de la famille pour d’autres, les robots sont perçus différemment. Jusqu’à l’explosion fatale qui remet cette relation en question. Comment en effet faire confiance à des machines qui peuvent à tout moment se retourner contre leur créateur ? L’incident se déroulant à Los Angeles, les Etats-Unis sont les fers de lance de la réplique. Pou eux, l’attaque est personnelle et ils ne reculeront devant rien pour détruire toute forme d’IA, Nirmada et ceux qui les soutiennent.
Une violence légitimée ?
Nomad, la station spatiale de l’Occident, se déplace partout dans le monde et peut attaquer dans n’importe quel pays sans que l’on comprenne vraiment comment une telle chose peut être possible. N’y a-t-il pas de lois internationales interdisant ce genre d’agression ? Ou la force de frappe de Nomad est si terrifiante que personne n’ose s’élever contre l’Occident ? Toute forme de violence est légitime aux yeux des Américains pour trouver Nirmata et son arme ultime. Ils kidnappent, tuent ou torturent sans se soucier des conséquences de leurs actions. Une attitude très américaine, souvent vue dans les films de guerre ou d’action. Leur statut de sauveurs du monde semble leur conférer des droits spéciaux. Dans The Creator, ils sont considérés comme les méchants.
La formidable évolution du personnage de Joshua
L’évolution du personnage de Joshua est à la fois subtile est très bien faite. Ayant perdu ses parents et son frère dans l’explosion de Los Angeles, il est prêt à tout pour tuer Nirmata. Mais il finit par tomber amoureux de la fille de ce dernier, Maya, qui embrasse totalement la cause IA, ayant même été élevée par des robots après la disparition de son père. Alors que lui les considère comme de simples choses que l’on peut détruire à tout moment. Lorsque Maya est tuée par des missiles américains, il retourne aux Etats-Unis et quitte son poste au sein de l’armée. Malheureusement, il n’arrive ni à oublier, ni à pardonner. L’armée revient le voir quand elle découvre que Nirmata a construit une super arme capable de détruire Nomad. Elle lui demande donc de retourne sur place afin d’aider une équipe à entrer dans une ancienne base IA qu’il avait repéré et détruire l’arme. Ce que personne ne savait, c’est que l’arme se présenterait sous la forme d’une petite fille d’environ 6 ans. Dès lors, impossible pour lui de tirer sur un enfant qu’il va prénommer Alphie. Très rapidement, il va devoir choisir son camp : tuer Alphie et sauver Nomad ou sauver l’enfant et devenir un traitre aux yeux des Américains.
Des rêves de cohabitation pacifiste
En Asie, hommes et robots cohabitent pacifiquement. On trouve même des robots moines bouddhistes, nourrices ou enseignants. Alors que l’Occident les a totalement éradiqués, l’Orient les accueille à bras ouverts. Cette différence de mentalité est source de conflits enter les deux camps. Encore une fois, on sent l’hégémonisme américain qui veut imposer sa vision du monde sur tous. Pour eux, la cohabitation est non seulement inenvisageable, mais également impossible. Les machines ne ressentent rien, n’éprouvent rien et ne sont pas dignes de confiance. Pourtant en Asie, ils sont officiers de police et travaillent mains dans la main avec les habitants. Lorsque les Américains débarquent en Asie, ils sont donc perçus comme des envahisseurs et personne ne veut les aider. De plus, la colère mondiale contre les exactions de Nomad commence à monter.
Une formidable mise en scène de Gareth Edwards
Dans The Creator, Gareth Edwards a mis le paquet côté effets spéciaux. On se laisse facilement emporter dans ce monde peuplé de robots et de technologie avancée. Nous avions déjà eu un premier aperçu de son talent dans Rogue One: A Star Wars Story. Il se lance cette fois dans une histoire encore plus ambitieuse et gigantesque. Pourtant, en dépit de la débauche de moyens, The Creator reste un film très personnel et surtout humain. Il reste toujours à hauteur d’homme. Joshua, Maya, Alphie, Harun, tous ces personnages évoluent et se construisent au fil du film. Les acteurs sont d’ailleurs formidables, John David Washington en tête. La construction de sa relation avec Alphie est l’un des enjeux du film. Trouvera-t-il la force de la protéger ou sa haine des robots prendra-t-elle le dessus ? Et quel est le rôle exact d’Alphie ? Dans quel but a-t-elle été construite ? Les pro IA sont prêts à tuer pour la protéger quand les Américains sont prêts à tout pour la tuer. Fait intéressant, pour bien marquer l’évolution des personnages et de leurs relations, le film se divise en chapitres : « L’enfant », « L’ami » et « La Mère ». A chaque étape, on en apprend un peu plus sur Joshua et ses motivations ainsi que sur les rôles joués par chacun.
The Creator est pour moi le meilleur film de SF de 2023 et l’un de mes films préférés de l’année. A voir absolument !
Si vous avez aimé The Creator, je vous conseille de regarder Rogue One: A Star Wars Story, A.I. Intelligences Artificielle ou encore I, Robot.