Phim et Ploy sont des siamoises thaïlandaises. Alors qu’elles subissent une opération de séparation, Ploy décède. Une dizaine d’années plus tard, Phim, vivant désormais en Corée du Sud, retourne en Thaïlande au chevet de sa mère qui a été hospitalisée. Mais sur place, elle sent une présence et doit faire face à d’étranges phénomènes.
Je suis dans une phase films d’horreur et films d’action. Donc j’enchaîne les films de ce genre plus rapidement que certains like des photos sur Instagram. Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom récidivent 3 ans après Shutter. Sorti en 2007, Alone est un film dans la même veine, mais encore plus poussé dans l’aspect psychologiquement effrayant. Une nouvelle réussite.
Alone raconte l’histoire de Phim et Ploy, des siamoises qui ont été séparées. Seule Phim a survécu à l’opération. Elle a par la suite quitté la Thaïlande pour la Corée du Sud, où elle a refait sa vie avec Wi. Le jour de son anniversaire, elle reçoit une très mauvaise nouvelle : elle doit rentrer en urgence en Thaïlande car sa mère a fait une attaque cérébrale. Ce retour l’angoisse car elle va devoir affronter le souvenir de sa jumelle décédée.
A l’hôpital, sa mère est inconsciente. Wi et Phim se rendent donc à la maison familiale pour se reposer. Sur place, rien n’a changé. Sa mère ne semble avoir touché à rien. Les vêtements, les affaires, les souvenirs, tout est à l’identique, à la même place. En double. Mais plus la jeune femme passe de temps dans la maison, plus elle est confrontée à d’étranges phénomènes. Elle a l’impression de voir et sentir sa sœur. Ces visions la terrifient à tel point qu’elle consent à consulter un ami psychiatre de Wi. Mais la situation empire, et bientôt, elle est physiquement attaquée.
L’horreur en double
J’ai vraiment aimé Alone. Dès le générique, très beau, le ton est posé. On nous montre des dessins médicaux et des photos de siamois, personnes qui seront au cœur du récit. Ploy et Phim étaient des jumelles identiques, avec pour seule différence physique les lunettes que portait Ploy. Jointe par l’estomac, elles avaient toujours vécu ensemble et s’étaient promis de mourir ensemble.
Après leur séparation à l’adolescence, Phim a conservé une grande cicatrice sur le ventre. Et elle s’est retrouvée seule pour la première fois de sa vie. Sans sa « béquille ». Mais avec Wi. Pour son psychiatre, Phim n’a pas surmonté la culpabilité d’être en vie alors que sa sœur est morte. Il pense que tout est dans sa tête et qu’elle doit admettre que rien n’est réel. Qu’elle ne voit rien. Pourtant les phénomènes deviennent de plus en plus violents, de plus en plus précis, de plus en plus dangereux. Au point de mettre sa vie en danger. Et lorsque Wi commence lui aussi à voir des choses, ils ne peuvent plus nier la vérité. Quelque-chose, quelqu’un pourchasse Phim. S’il s’agit bien de Ploy. Que lui veut-elle ? Et pourquoi se montre-t-elle aussi violente ?
Un très beau et bon film d’horreur asiatique
Alone est un très bon film d’horreur asiatique. Les réalisateurs réussissent encore une fois le pari de nous effrayer sans effusion de sang ou raccourcis inutiles (du moins pas autant que d’autres films). Ils jouent la carte de la frayeur psychologique. Est-ce la culpabilité qui fait voir des choses à Phim ? Ou se passe-t-il réellement quelque-chose ? Quelque-chose de dangereux ?
Alone se déroule essentiellement dans le noir, entre l’hôpital, où se trouve la mère, et la maison familiale. Les réalisateurs jouent beaucoup sur les jeux de lumière, en faisant surgir la menace de l’ombre. On sait qu’un danger rôde, one ne sait juste pas d’où et quand il va surgir. Du plafond, de la baignoire, de l’ascenseur, des miroirs… La maison devient un terrain de jeu. On passe de la chambre à la salle de bain au patio en passant par le salon ou encore le patio. Toutes les pièces sont des cachettes potentielles pour l’esprit.
Un film à la mise en scène réussie
La mise en scène, efficace, joue aussi pour beaucoup dans la qualité du film. La scène de la plage est ainsi l’une de mes scènes préférées. Alors que Phim se balade sur la plage pour se changer les idées, elle se retourne pour faire le trajet inverse et voit deux jeux de pas côte-à-côte sur le sable. Comme si quelqu’un avait marché à ses côtés. C’est un moment très simple, qui se déroule en plein jour, dans un espace ouvert et public. Et pourtant, c’est une scène terrifiante et dérangeante.
Le film fait des sauts dans le temps afin de nous expliquer la relation entre Phim et Ploy. Jouer, manger, se soigner, dormir, elles faisaient tout ensemble. Leur relation était fusionnelle, avec une Phim forte et gentille qui prenait soin de sa sœur, plus colérique et jalouse. C’est elle qui la consolait et la réconfortait. Les autres enfants les rejetaient et se moquaient d’elles, quand les adultes les observaient comme des bêtes de foire, alors elles ne comptaient que l’une sur l’autre. Et leur mère, qui les a toujours aimés d’un amour inconditionnel et total.
Marsha Wattanapanich interprète son rôle avec conviction. On s’attache à la jeune femme dans sa quête pour comprendre ce qui se passe. Et les deux jeunes filles qui interprètent les jumelles adolescentes font également preuve de talent. J’ai même parfois été plus touchée par ces deux filles que par leurs versions adultes. Car c’est le moment de la séparation qui va bouleverser la vie de Phim et provoquer la suite des évènements. Des évènements tragiques.
Bande-annonce
Si Alone vous a plu, je vous conseille Shutter et Le pensionnat.
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