Hyeon-soo et son épouse Soo-jin vivent une vie banale. Lorsque cette dernière tombe enceinte, le couple apprend à s’adapter à cette nouvelle vie à trois. Mais rapidement, Hyeon-soo devient somnambule et semble changer de comportement pendant la nuit. De plus en plus inquiète, Soo-jin finit par craindre que son mari ne blesse leur nouveau-né. La jeune mère finit par perdre le sommeil et à devenir paranoïaque.
Jason Yu joue avec les peurs des jeunes parents dans son long-métrage Sleep, distribué par The Jokers. Il fait en effet de ce changement de vie un évènement terrifiant et surnaturel. Dans l’un de ses derniers rôles, le regretté Lee Sun-kyun nous montre encore une fois l’incroyable palette de son talent.
Le passage d’une vie à 2 à une vie à 3
Hyeon-soo est un acteur qui peine à trouver des rôles tandis que Soo-jin, en congé maternité en attendant la naissance de leur premier enfant, se repose à la maison. Le couple a tout pour être heureux dans l’appartement qu’ils ont aménagé en prévision de l’arrivée de leur fille, Ha-Yoon. Ils pourront de plus compter sur le soutien de la mère de la jeune femme. Malheureusement pour eux, le passage d‘une vie à 2 à 3 ne se passe pas comme prévu.
Les nuits difficiles des jeunes parents
Alors que tout se passait bien, la naissance de leur fille bouleverse leur quotidien. Hyeon-soo commence en effet à souffrir de crises de somnambulisme de plus en plus violentes. Il mange des aliments crus, se griffe le visage jusqu’au sang et se met même en danger. Le couple va consulter un spécialiste un sommeil, mais les crises ne cessent d’empirer au point que Hyeon-soo décide d’installer un verrou sur la porte de leur chambre afin de s’y enfermer la nuit. Que lui-arrive-t-il ? Est-ce le stress lié à la venue du bébé ? Ou l’angoisse de ne pas trouver de rôle ? Le fait est que Hyeon-soo finit par adopter une personnalité totalement différente à la nuit tombée.
Sleep tombe dans le surnaturel
Plus le film avance, plus le genre change. Nous passons en effet d’un film familial à un film d’horreur. Jason Yu effectue un excellent travail pour nous faire passer d’un genre à un autre avec fluidité et naturel. Plus nous avançons dans Sleep, plus l’atmosphère devient lourde, pesante, oppressante et sombre. Soo-jin en est persuadée, il y a un problème avec son mari. Mais ses craintes sont-elles fondées ou est-elle tout simplement une jeune mère qui doit encore trouver ses marques ? Perdrait-elle la tête ? Elle commence à mener l’enquête afin de comprendre ce qui arrive à son mari. La méfiance commence à monter et chacun doute de l’autre, s’observant avec suspicion. Les visages, autrefois souriants, se ferment. La confiance disparait. Ha-Yoon est le seul pont d’ancrage de ce couple qui sombre dans la paranoïa.
Une mise en scène des plus réussies
A mesure que le film avance, les questions se multiplient. Soo-jin est-elle en train de perdre la tête ? Hyeon-soo est-il possédé ? Ou le couple est-il tout simplement dépassé par la venue du bébé ? Jason Yu joue habilement avec la mise en scène pour nous tromper, à tel point qu’il est impossible de devine la fin du film. Sleep est un huis-clos qui se déroule dans l’appartement de la petite famille, de la chambre à la salle de bain, en passant par le salon et la cuisine. Le danger vient de partout et de tout le monde. Une porte devient un bouclier contre l’autre. La chambre à coucher, autrefois un lieu de bonheur, est désormais un espace terrifiant. La mise en scène nous fait douter de tout et de tout le monde.
Vous cherchez un film d’horreur asiatique qui sort des sentiers battus ? Vous ne regretterez pas de regarder Sleep, récompensé par le Gand Prix au Festival de Gérardmer 2024.
Si vous avez aimé Sleep, je vous conseille également Dark Water d’Hideo Nakata, The Machinist et Les Griffes de la nuit.