Lors des Championnats du monde de judo en Géorgie, la judokate iranienne Leila fait sensation. Victoire après victoire, elle fait sensation avec son entraîneuse Maryam, se rapprochant de son rêve de médaille d’or. Mais à mesure que Leila se rapproche de la finale, les dirigeants de la République islamique lui annoncent une terrible nouvelle. Elle doit simuler une blessure afin d’éviter de rencontrer la judokate israélienne. Quel choix fera-t-elle ?
Dans Tatami, les réalisateurs Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahimi ont joint leurs forces pour nous faire découvrir le quotidien difficile des athlètes iraniens. S’entraîner pendant des mois pour finalement être tributaire du bon vouloir des autorités iraniennes. Quelle terrible perspective.
Des rêves de médaille à portée de main
Leila Hosseini est la capitaine de l’équipe de judo iranienne. Après des années d’entraînement et de sacrifices, elle est prête. Elle le sent. La médaille d’or est à portée de main. Maryam Ghanbari, son entraîneuse, est dans le même état d’esprit. Le duo fonctionne parfaitement, Maryam donnant des directives depuis le côté du tatami et Leila les exécutant. Les deux jeunes femmes sont prêtes à porter haut les couleurs de la République d’Iran, et à aller le plus loin possible dans la compétition.
Une intervention inopportune
Tout se passait pour le mieux pour Leila, qui remportait victoire après victoire, au point de se faire remarquer tant par les commentateurs que par le public. C’est alors que les autorités iraniennes ordonnent à Maryam d’expliquer à Leila qu’elle doit simule une blessure. Ils refusent en effet qu’une de leur athlète rencontre une athlète israélienne. Les deux pays étant en conflit ouvert, on comprend rapidement qu’ils ne peuvent et ne veulent risquer une hypothétique défaite. L’humiliation serait en effet trop grande. La seule solution ? Quitter le tournoi la tête haute, sur blessure.
Convictions contre raisons d’État
Leila tombe de haut en apprenant les directives du régime iranien. Toutes ces semaines, tous ces mois d’efforts, réduits à néant. Elle doit faire un choix. Obéir et conserver une chance de participer à d’autres événements sportifs d’ampleur internationale ou refuser de céder et continuer le tournoi. Mais si elle choisit cette dernière option, elle ne sera pas la seule à en payer les conséquences. Son équipe, leurs familles, sa propre famille, ses parents, tous seront en danger. Car le régime ne reculera devant rien pour parvenir à ses fins.
Une tension grandissante
Plus le film avance, plus la tension monte. Le fait que Tatami soit tourné en noir et blanc ajoute encore à la tension, comme si nous nous trouvions dans un thriller dont l’issue est incertaine et inconnue. Au début, nous regardons un simple film sportif, très bien tourné d’ailleurs. Les combats sont magnifiquement filmés et même sans être amateur de sport, on se laisse prendre au jeu. Nous entendons les commentateurs, nous assistons aux combats et même aux entraînements. Plus Leila gagne de matchs, plus elle gagne en confiance, et plus nous, spectateurs, rêvons de sa victoire. Mais lorsque l’ordre de perdre arrive, nous voyons Leila perdre ses moyens. Chaque combat devient plus difficile que le suivant, chaque victoire de plus en plus laborieuse. Nous sommes désormais loin des premières victoires facilement gagnées. Et c’est à ce moment-là que Tatami se transforme en un drame politique. Comment peut-on ordonner à un athlète, à un athlète de haut niveau, de perdre volontairement pour des raisons d’État ? Surtout qu’il n’y a aucune certitude qu’elle affronte l’Israélienne. Le film se divise alors en deux parties parallèles. Nous observons d’un côté Leila et ses combats et de l’autre nous suivons les conséquences de sa décision sur elle et son entourage.
Tatami, un film politique de poids
Guy Nattiv, qui est israélo-américain, et Zar Amir Ebrahimi, qui est franco-iranienne, dénoncent la situation des sportifs iraniens, soumis au bon droit du régime. Les athlètes ne sont que des pions, dont on écrase les rêves de grandeur sans aucun état d’âme. Rapidement, la victoire et la défaite deviennent dérisoires. Leila défend des principes. Elle défend son droit à combattre. La jeune femme s’est battue en effet pour arriver à ce niveau. Elle a fait des sacrifices, passant beaucoup de temps loin de sa famille. Son mari l’a toujours soutenu mordicus. Il est son premier fan. Le couple a une relation équilibrée, dans laquelle chacun sait qu’il peut compter sur l’autre.
Un duo d’actrices au sommet
Arienne Mandi dans le rôle de Leila Hosseini est tout simplement époustouflante. Elle porte littéralement le film à bout de bras. D’un simple regard, elle transmet une myriade d’émotions. Elle refuse d’abdiquer, elle refuse de se laisser faire, mais le prix à payer sera très lourd. On lui demande en effet d’abandonner le rêve de toute une vie, une médaille d’or aux Championnats du monde de judo. Elle perd pied et ne sait plus vers qui se tourner. Leila se sent terriblement seule. Quant à Zar Amir Ebrahimi, elle joue le rôle de Maryam Ghanbari, son entraîneuse et ancienne championne de judo. C’est une femme qui a été à la place de Leila. Elle sait ce qu’elle traverse pour l’avoir déjà vécu elle-même. La jeune femme est prise entre deux feux. Elle veut défendre son athlète, malheureusement la pression est de plus en plus forte, les ordres venant de plus en plus haut. D’amies, elles deviennent des ennemies, chacun cherchant à défendre ses convictions. Leur seul soutien viendra de la WJA, la World Judo Association, qui peut les protéger des agissements sur place de l’État iranien. Tatami, une production Metropolitan Films, est bien plus qu’un film sportif ou un drame politique, c’est un film porteur d’espoirs. Il nous interroge. Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour défendre nos rêves ?
Si, comme moi, vous avez aimé Tatami, je vous conseille de regarder Iron Claw, Rocky et Million Dollar Baby.