Du haut de ses 10 ans, Karen Reyes aime sa famille, sa meilleure amie, les monstres et les enquêtes policières. Donc lorsqu’elle suspecte quelque-chose dans la mort de sa voisine, elle décide de mener l’enquête. Dans Moi ce que j’aime c’est les monstres, ses pas vont l’entraîner dans les profondeurs du Chicago des années 1960 aux moments les plus noirs de la Shoah.

Auteure et dessinatrice : Emil Ferris

Date publication : 2018

Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture

Qui est Emil Ferris ?

Emil Ferris est une dessinatrice américaine, devenue célèbre avec son roman graphique Moi ce que j’aime c’est les monstres. En 2001, elle contracte le virus du Nil occidental. Elle souffre de séquelles, qui la laisse partiellement paralysée. Emil doit alors abandonner son métier d’illustratrice pendant un temps. C’est au cours de sa rééducation qu’elle s’inscrit au cours d’écriture créative de l’École de l’Art Institute of Chicago. L’occasion pour elle de retrouver ses sensations et de se lancer dans la rédaction de ce qui deviendra son œuvre la plus célèbre.

De quoi parle le livre Moi ce que j’aime c’est les monstres ?

Dans le Chicago des années 1960, Karen Reyes, une petite fille curieuse, cherche à résoudre les circonstances de la mort d’Anka Silverberg, sa voisine juive. Selon la police, il s’agirait d’un suicide, mais elle n’est pas dupe. En effet, la petite fille n’est pas comme ses petits camarades. Tout d’abord, elle voue une véritable passion, on pourrait même dire une véritable obsession, pour les vampires, les fantômes et autres morts-vivants. Karen en vient à se prendre pour un loup-garou, dont elle adopte le comportement. Un loup-garou détective pour être précise. Car, elle est de plus très intéressée par les récits et histoires policiers. Être solitaire, elle a peu d’ami(e)s et vit avec sa mère et son grand frère, Diego Zapata Reyes surnommé Deeze, un jeune homme étrange couvert de tatouages.

Emil Ferris - Moi ce que j'aime c'est les monstres

Comment se présente ce livre ?

Moi ce que j’aime c’est les monstres est un superbe roman graphique rédigé sous la forme du journal intime de Karen. Il alterne entre plusieurs récits : l’enquête de la petite-fille, la vie d’Anka, rescapée de la Shoah et la vie quotidienne à Chicago dans les années 1960. Nous plongeons donc dans un univers hybride, entre tranches de vie, récit policier et histoires fantastiques.

Quelle est la particularité de Moi ce que j’aime c’est les monstres ?

Emil Ferris nous présente une œuvre entièrement réalisée au stylo bille. Noir, bleu, rouge, vert, elle multiplie les couleurs pour nous faire ressentir des émotions. Et quelles émotions ! Les dessins horrifiques côtoient les scènes policières, au gré des investigations de Karen. Les moments drôles et légers font suite à des événements plus dramatiques et difficiles. Car la petite-fille est au centre de ce livre. Nous la suivons dans son enquête, et adoptons parfois son point de vue. Comme elle se prend pour un loup-garou, elle est représentée sous la forme d’un petit monstre habillé parfois d’un imperméable et d’un chapeau, et portant une mallette, comme les anciennes représentations des détectives privés dans les films et séries américaines. Emil Ferris dessine en effet de tous les côtés : les personnages sont dessinés de face, de profil, de dos, on ne voit que leur ombre. Les traits sont précis ou au contraire flous et presque négligé. Néanmoins, chaque coup de crayon a une signification particulière.

Quelle est la mise en forme et mise en page du livre ?

Les dessins se présentent de manière diverse et variée : sous la forme d’une bande-dessinée, de dessins qui semblent gribouillés, des dessins en double page, d’esquisses, de reproductions de tableaux célèbres… On ne sait jamais à quoi s’attendre en tournant les pages. Si quoi allons-nous tomber ? Sur quel type de dessin ? Quel personnage va prendre la parole ? Quel sera le récit ? Anka est dessinée sur la couverture, légèrement de profil, les sourcils froncés et l’air intrigué ou inquiète. Son expression résume bien le livre. Que se passe-t-il ? Les dessins laissent parfois place à de superbes couvertures de magazine d’horreur, particulièrement appréciés par Karen, où sexy et horreur forment un ensemble étrange mais cohérent.

Pourquoi ce livre est-il aussi intéressant ?

Il a fallu 6 ans de travail à Emil Ferris pour donner vie à cette œuvre fascinante. Les dessins sont tout intéressants que les différents récits. C’est la combinaison de tous ces éléments qui donne envie de tourner les 400 pages de ce livre. Il s’agit du tome 1, qui se termine sur un cliffhanger. Moi ce que j’aime c’est les monstres, impressionne par la virtuosité de son auteure qui s’attache à donner une voix aux minorités, les juifs, les pauvres de Chicago, les marginaux, les prostituées… Ce livre est pour eux. Il est donc très facile de se perdre dans les dessins d’Emil Ferris et de s’attacher aux personnages et à leurs histoires.  

Moi ce que j’aime c’est les monstres est l’un des plus beaux livres que j’ai jamais lus. Visuellement parfait, scénaristiquement original, c’est un ouvrage incontournable.

Je vous conseille de lire Maus d’Art Spielgelman si vous avez aimé ce livre.

Emil Ferris - Moi ce que j'aime c'est les monstres

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