James Bond est à la croisée des chemins. Alors qu’il pensait mener une vie paisible avec Madeleine, des ennemis du passé font leur retour et menace leur avenir. L’espion britannique va devoir reprendre du service dans une dernière mission de tous les dangers.
Je suis…circonspecte. Je ne suis pas convaincue par Mourir peut attendre (No time to die). Ce n’est pas un mauvais James Bond, mais ce n’est pas le meilleur non plus. Un méchant transparent, pas assez de gadgets, un scénario avec des lacunes, je m’attendais à beaucoup mieux pour la dernière de Daniel Craig.
Suite directe de Spectre, Mourir peut attendre suite James Bond et Madeleine qui vivent en amoureux, loin de Londres et du monde des espions. Mais L’organisation Spectre n’en a pas terminé avec eux. Loin de là. Brutalement attaqués, le couple doit prendre la fuite. Afin de protéger la jeune femme, et parce qu’il doute d’elle, James Bond décide de mettre fin à leur relation tout en l’aidant à s’échapper.
Cinq ans plus tard, l’espion britannique, désormais retraité à la Jamaïque, retrouve son vieil ami de la CIA Felix Leiter. Ce dernier lui demande de retrouver et de lui ramener Valdo Obruchev, un scientifique à l’origine du projet Héracles. Crée à l’initiative de M, il s’agit d’une arme biochimique qui peut cibler une personne et sa famille grâce à son ADN. Mais le scientifique a été kidnappé par Spectre. James Bond refuse d’abord, avant d’accepter après été « menacé » par M et Nomi, le nouvel agent 007. Mais la mission va s’avérer plus compliquée que prévue…
Même après plusieurs jours, je ne sais toujours pas si j’ai aimé Mourir peut attendre ou pas. Avec le recul, j’ai plus eu l’impression de regarder un film d’action américain que de voir un James Bond. Il n’utilise que très peu de gadgets, les scènes d’action sont spectaculaires (trop ?), et il parait invincible. Ce que j’avais aimé dans Casino Royale (mon préféré avec Daniel Craig), c’était la sensibilité et la faiblesse affichées du héros. Ici, j’ai eu l’impression de voir un super espion, mais un homme totalement à la ramasse question émotions. Je ne sais pas comment être plus précise.
Plusieurs points m’ont posé problème. Tout d’abord le Dr. Madeleine Swann, interprétée par Léa Seydoux. Sans spoiler, si la jeune femme avait été franche avec James Bond dès le départ, rien de tout ce qui va se dérouler par la suite ne se serait produit. Il a été trahi pas Vesper, et maintenant qu’il recommence à faire confiance à nouveau à une femme, elle lui cache des choses. Elle ne cesse de lui dissimuler des éléments de son passé, et par ces actions, lui fait revivre une situation tragique. Pourtant elle connait sa situation passée. Et elle ne lui cache pas des choses une fois, mais deux fois. Ça m’a énervé. Lui se livre à elle corps et âme, et elle ne se révèle pas capable de faire de même. Pourquoi ?
Passons ensuite au méchant, interprété par Rami Malek. Honnêtement, c’est une véritable déception. Je n’ai absolument pas compris quel était son but, ni pourquoi il était aussi méchant. Sans trop en dévoiler, il considère avoir un lien particulier avec Madeleine et se montre véritablement obsédé par la jeune femme. Le problème, c’est que l’on ne nous explique pas ses intentions et qu’il m’a par conséquent laissé complètement indifférente. Normalement, un méchant, on le déteste, on le craint ou on adore le détester. Mais dans Mourir peut attendre, il ne nous intéresse pas. Je l’ai même trouvé transparent. De plus, je n’ai pas trouvé son interprétation particulièrement réussie. Dommage.
Vient ensuite le problème du scénario. Pour autant que je me souvienne, normalement, les James Bond sont des films indépendants les uns des autres. Vous pouvez donc les voir dans n’importe quel ordre. Or, les choses sont différentes avec Daniel Craig. Pour vraiment bien tout comprendre, vous devez avoir vu Casino Royale, Skyfall, Spectre et enfin Mourir peut attendre. Comme je n’avais pas revu les autres récemment, j’ai été un peu perdue à certains moments. Et c’est bien dommage. Le fil rouge de ces aventures est l’organisation criminelle Spectre, dont les tentacules s’étendent dans le monde entier, et à tous les échelons. Il faudra à James Bond pas moins de quatre épisodes pour en venir à bout ! C’est dire sa puissance.
Mais tout n’est pas à jeter, loin de là ! J’ai beaucoup aimé la relation de James Bond avec ses collègues du MI6. Miss Moneypenny et Q sont fidèles au poste et prouvent leur loyauté à l’espion déchu. Même M ne peut complètement lui tourner le dos. La retraite de James Bond est l’occasion d’introduire un nouvel agent 007, Nomi. Nous apprenons (ou pas) que le nombre 007 est un matricule que l’on passe d’agent à agent. Lorsque James Bond s’est retiré du service actif, son matricule a été réattribué à un nouvel agent, qui a ainsi obtenu le permis de tuer. Il s’agit d’un passage de témoin d’un espion à un autre.
Autre point positif, les scènes d’action. Le film commence d’ailleurs sur les chapeaux de roue avec des scènes de poursuite en voiture et à moto. Cary Joji Fukunaga (Beasts of No Nation, Jane Eyre) donne le ton dès le début. Italie, Jamaïque, Norvège, tous les paysages sont propices à l’action, entre terres et mers. Ma scène préférée est sans contexte celle où apparait Ana de Armas qui joue Paloma. Même si elle n’est présente qu’une dizaine de minutes, elle marque le film de son empreinte. Maladroite et hésitante au début, cette agent de la CIA se révèle être une redoutable combattante, tant au corps-à-corps qu’arme à la main. Il en faut en effet du talent pour se battre en robe profondément décolletée et en talons aiguilles ! Chapeau bas.
Daniel Craig tire sa révérence avec brio. Car son côté faiblard qui m’a déçu est également ce qui fait l’une des forces du film. Pour une fois, l’espion prêt à tuer et mourir pour son pays va livrer le combat de sa vie pour des motifs personnels. Certes, sauver le monde fait partie de son job, mais il a cette fois des raisons toutes personnelles d’être impliqué dans cette mission. Séducteur, homme à femmes et cynique, il va laisser tomber la carapace pour se révéler fragile et effrayé. En perpétuelle guerre contre le monde, ses seuls moments de paix sont ceux qu’il passe avec Madeleine. Une parenthèse enchantée qui ne va malheureusement pas durer.
Est-ce que Mourir peut attendre est un bon James Bond ? Je n’irai pas jusque-là. Est-ce un beau baroude d’honneur pour Daniel Craig ? Absolument. Reste à vous forger votre propre opinion.
Bande-annonce
Je vous conseille de (re)voir Casino Royale, Skyfall et Spectre avant de regarder Mourir peut attendre.