Singapour, en plein mousson. Ling, professeur de chinois, cherche désespérément à tomber enceinte. Mais son couple prend l’eau et son mari ne cesse de s’éloigner d’elle. Elle se rapproche alors de l’un de ses étudiants, qui veut améliorer ses notes en chinois. Les deux êtres vont se trouver des points communs.

Wet season de Anthony Chen est un très beau film, très poétique et mélancolique. On se laisse bercer par la mousson qui rythme le film et semble souligner les émotions des personnages. Cette femme en manque d’enfant et cet étudiant en manque d’affection vont trouver chez l’autre ce qui leur manque tant.
Le film commence sous la pluie. Nous sommes avec Ling dans sa voiture, alors qu’elle se rend à l’école pour donner ses cours. Après une dizaine d’année de mariage, Ling et Andrew n’ont toujours pas d’enfant. Elle se sent meurtrie par cette situation. Lui ne cesse de s’absenter, comme pour nier une situation à laquelle il s’est habitué et ne veut plus faire face. Pourtant, Ling refuse de baisser les bras. On peut voir son ventre marqué par les bleus, résultats des nombreuses piqûres d’hormone qu’elle se fait religieusement dans sa voiture tous les matins. Elle veut son enfant à tout prix.

Ling, qui contrôle ses élèves avec fermeté, ne peut rien faire contre ce corps qui refuse d’enfanter. Contre son mari qui lui échappe, rentrant de plus en plus tard. Contre la maladie de son beau-père (le père de son mari), qui l’a laissé diminué, paralysé et muet. Le seul lien au sein du couple est justement le beau-père, dont elle s’occupe avec affection. Le vieil homme lui offre une attention et un respect que son mari ne fait même plus semblant de lui donner.
Ce manque d’enfant n’est pas seulement une blessure personnelle. C’est aussi une blessure en tant que femme. Sa belle-sœur, qui vient d’avoir un enfant, li reproche en effet de ne pas être capable de donner un enfant à son mari. Ling n’est pas considérée comme une femme à part entière car elle ne peut pas avoir d’enfant, rôle attribuée par la société. Elle peut avoir une bonne situation, un mari, une maison, si elle n’a pas d’enfant, elle sera vue avec un certain mépris.
Son rapprochement avec Wei Lun est une distraction bienvenue et se fait naturellement. Alors que ses camarades de classe désertent les cours de rattrapage, seul lui s’accroche, désireux d’obtenir de bons résultats. Elle décide alors de partager un durian avec lui. Cette scène, innocente au premier abord, se révèle être très intime. Ils partagent ensemble un fruit défendu, interdit dans de nombreux lieux en raison de sa forte odeur.

Leur relation se poursuit lorsqu’il se blesse au pied suite à un accident à son cours d’arts martiaux. Ling prend alors l’habitude de le raccompagner chez lui. Il vient réviser chez elle et fait la connaissance du beau-père. Elle ne peut avoir d’enfant. Il est délaissé par ses parents. Ils sont faits pour se rapprocher. Ils vont ainsi passer de bons moments ensemble, avec le beau-père de Ling. Wei Lun et le beau-père partage en effet une passion commune pour les arts martiaux.
La pluie est un élément indispensable à Wet season. C’est ce qui lui donne tout son charme. En effet, il n’y a aucune musique dans le film. Seul le bruit des averses comble les silences tristes, les moments pensants ou les tragédies. Il suffit de se laisser bercer.
Wei Lun m’a posé problème vers le milieu du film car c’est un grand enfant. Il est âgé d’une vingtaine d’année, mais il est immature et spontané. Il ne semble pas prendre conscience de ses actes ou de la portée de ses actes, comme lorsqu’il veut prendre la main de Ling à l’école. C’est alors à elle de le recadrer et de mettre les choses au clair. Weil Lun est un jeune homme qui se prend pour un adulte alors qu’il n’est pas encore prêt.
Wet season un film humain que j’ai beaucoup apprécié. On ne peut être que touché par la détresse de cette femme qui cherche simplement à réaliser son rêve d’être mère.


Bande-Annonce
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