The French Dispatch raconte l’histoire de journalistes américains travaillant pour le magazine du même nom dans la ville française d’Ennui-sur-Blasé dans les années 1950.

Ce film est sans conteste possible le plus « Andersonien » de Wes Anderson. On a l’impression que toute sa filmographie devait aboutir à ce moment précis. Et il y a tellement d’acteurs que j’en ai perdu le compte. Et c’est justement ce trop ce qui montre les limites du style Wes Anderson. Dommage.

Quatre films en un

The French Dispatch se divise en quatre parties distingues, reliées entre elles par la présence d’Arthur Howitzer Jr., alias Bill Murray, le rédacteur en chef.

Dans la première partie, The Cycling Reporter, Herbsaint Sazerac (Owen Wilson) parcourt Ennui-sur-Blasé à vlo, en nous racontant l’histoire passé et présente de la ville.

Dans la deuxième partie, The Concrete Masterpiece, nous suivons Moses Rosenthaler (Benicio del Toro), un homme emprisonné pour un double homicide, qui se transforme en artiste peintre torturé une fois derrière les barreaux. Il puise son inspiration dans sa muse, Simone (Léa Seydoux), gardienne de prison. Julien Cadazio (Adrien Brody), un marchand d’art tombé amoureux de son travail, achète ses œuvres et cherche à le faire connaitre en organisant une exposition.

The French Dispatch: Lois Smith, Bob Balaban, Henry Winkler, Adrien Brody, Tilda Swinton
© The Walt Disney Company France

Dans Revisions to a Manifesto, Lucinda Krementz (Frances McDormand) est une journaliste qui suit le conflit entre les étudiants et les autorités françaises au sujet de la « Révolution de l’échiquier ». Mais petit à petit, elle perd sa neutralité journalistique lorsqu’elle entame une brève liaison avec Zeffirelli (Timothée Chalamet).

La quatrième et dernière partie, The Private Dining Room of the Police Commissioner, met en scène le journaliste Roebuck Wright (Jeffrey Wright), qui, au cours d’une interview télévisée avec un présentateur de talk-show (Liev Schreiber), se remémore le kidnapping de l’enfant d’un commissaire (Mathieu Amalric). Et du rôle joué par le lieutenant Nescaffier (Stephen Park) dans sa résolution.

Chaque partie est entrecoupée par des interventions d’Arthur Howitzer Jr. qui donne son opinion sur tel ou tel sujet. De plus, fidèle à lui-même, Wes Anderson fait intervenir un narrateur dans chaque histoire afin d’accompagner le récit.

Un style inimitable qui montre ses limites

J’adore Wes Anderson, j’adore son style, inimitable. Pour moi, The Budapest Hotel est, à ce jour, son chef-d’œuvre. Un bijou scénaristique et visuel. Le style Wes Anderson est parfaitement rodé : un scénario qui parle d’une famille (toujours dysfonctionnelle), un style visuel immédiatement identifiable, des symétries parfaites, des plans larges et fixes, des acteurs que l’on retrouve avec plaisir et une mise en scène très théâtrale. The French Dispatch représente le summum de ce style. Toutes les anciennes œuvres de Wes Anderson ont permis d’aboutir à ce film qui démontre tout son talent de metteur en scène. Mais également ses limites.

The French Dispatch montre en effet les limites du style de Wes Anderson. Même s’il s’agit de son film le plus abouti visuellement. Il a littéralement construit une ville pour les besoins de son film, dans la ville d’Angoulême. Les décors, les costumes, nous nous retrouvons dans la ville fictive d’Ennui-sur-Blasé dans les années 1950-60. Le réalisateur et son équipe s’en sont donnés à cœur joie, nous offrant le paroxysme du style « Andersonien ». Des vêtements très travaillés et cintrés qui correspondent parfaitement à la personnalité de chaque personnage. Des décors très travaillés et réfléchis. Des acteurs qui livrent des prestations théâtrales. Des histoires en couleur ou en noir et blanc. Tout ce que j’aime. Mais que je n’ai pas vraiment aimé dans le cas présent.

The French Dispatch : Bill Murray, Jeffrey Wright
© The Walt Disney Company France

Je pense que quelqu’un qui n’a jamais vu de films de Wes Anderson ne sera pas plus perturbé que ça. Mais pour quelqu’un qui a vu tous ses films (sauf un), j’ai eu l’impression de suffoquer. C’est trop. Trop d’acteurs (plus d’une vingtaine d’acteurs connus !), quatre récits et autant de décors correspondants. Je n’ai pas eu le temps de souffler. Je n’ai pas eu le temps d’apprécier chaque histoire et chaque personnage. Tout s’est enchainé à un rythme effréné. De plus, les dialogues étaient parfois très (trop ?) techniques. Comme je regarde toujours les films en V.O., je n’ai pas toujours eu le temps de tout comprendre. Et je trouve que les dialogues assez longs alourdissaient parfois les récits. Je suis déçue.

Mais tout n’est pas négatif dans The French Dispatch, loin de là ! Comme toujours avec Wes Anderson, le souci du détail des costumes est impressionnant. Et pour chaque récit. Il donne toujours l’impression de créer des uniformes. De même, tous les acteurs, et tous les couples, partagent une très belle alchimie. On ressent de l’émotion en les regardant. Et le générique de fin. Pensez à bien regarder le générique de fin constitué de unes de journaux, le film étant un vibrant hommage au New Yorker, que le réalisateur admire.

The French Dispatch :Frances McDormand, Timothée Chalamet
© Walt Disney

The French Dispatch n’est pas le meilleur film de Wes Anderson, mais il n’a pas à en rougir non plus.

Si vous désirez approfondir votre connaissance du style Wes Anderson, je vous conseille de regarder The Budapest Hotel ou encore de lire The Wes Anderson Collection : Isle of Dogs.

Bande-annonce

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