La science-fiction est la remise en cause de ce que nous sommes, de ce que nous pensons. De ce fait, les monstres représentent l’inconnu, l’hors-norme. Ils représentent quelque-chose que l’on ne peut/veut pas comprendre, quelque-chose de différent (freak). Plongeons au cœur du sujet.
Définition
Monstre : nom masculin (latin monstrum, phénomène singulier)
Le dictionnaire Larousse définie le terme de monstre de plusieurs façon différentes :
- Être vivant présentant une importante malformation
- Être fantastique des légendes, de la mythologie
- Animal effrayant ou gigantesque par sa taille, son aspect.
- Objet, machine effrayante par sa forme énorme
- Personne d’une laideur effrayante.
- Personne qui suscite l’horreur par sa cruauté, sa perversité, par quelque vice énorme.
Les films de monstres les plus connus
La mouche
Jurassic Park
Godzilla
The host
Resident Evil
The blob
The thing
Pacific Rim
L’Étrange Créature du lac noir
King Kong
Alien
Docteur Jekyll et Mister Hyde
Dracula
The evil dead
Frankenstein
Des monstres, aberrations scientifiques
La science peut s’avérer tout aussi terrifiante que les monstres que l’homme crée. Certains scientifiques n’ont en effet aucune limite quand il s’agit de leur travail. Quitte à repousser les limites de la morale. Leur justification ? Ils le font pour le bien de l’humanité. Leur travail sera bénéfique pour tous. Mais n’est-il pas dangereux d’acquérir trop de connaissances ? Après tout, Adam et Eve ont été chassés du paradis pour avoir mangé le fruit de la connaissance. Icare est mort noyé en volant trop près du soleil. On ne compte plus les exemples.
Docteur Jekyll et Mister Hyde
Dans Docteur Jekyll et Mister Hyde, le scientifique doit affronter son côté sombre. Celui qui n’a aucune limite, qui ne se soucie pas des conséquences de ses actions. En tant que Docteur Henry Jekyll, il a le contrôle de son corps, de son esprit et de ses actions. Mais quand il se transforme en Mister Edward Hyde, ses pulsions les plus sombres, noires et tortueuses prennent le dessus. Le prix à payer est extrêmement lourd pour le scientifique qui voulait seulement développer ses recherches sur la dissociation de l’âme afin d’aider des patients atteints de troubles mentaux.
Docteur Jekyll et Mister Hyde est à l’origine un roman imaginé par Robert Louis Stevenson publié en 1886. On y suit le notaire Gabriel John Utterson qui enquête sur la relation entre le Docteur Henry Jekyll et Mister Edward Hyde. Exécuteur testamentaire du docteur, il doit en effet léguer ses biens à un certain Mister Hyde. Or, ce dernier est un homme violent, poursuivi pour plusieurs meurtres. Au fur et à mesure que son enquête avance, Gabriel John Utterson va découvrir une vérité des plus monstrueuses.
Hyde et Jekyll sont les deux facettes d’une même pièce. Ils ne peuvent exister l’un sans l’autre. En « donnant naissance » à Hyde, Jekyll a ouvert une boîte de Pandore. Il est désormais responsable des actes de ce dernier, qu’il le veuille ou non. L’excellente mini-série Jekyll (2007) avec James Nesbitt et Gina Bellman joue d’ailleurs sur cette dualité. Les entités ont fait la paix et signé un pacte : le Docteur Tom Jackman (Jekyll) ne tente pas de trouver de remède à la transformation et Hyde s’engage à ne tuer personne. Ils cohabitent pacifiquement et communique par l’intermédiaire d’une infirmière qui surveille la bonne tenue du pacte. L’idée de départ est plutôt bien pensée. Plutôt que de combattre le mal, pourquoi ne pas tenter de trouver un accord qui conviendra aux deux parties ?
Frankenstein
Frankenstein est également une source d’inspiration pour tous les amateurs de science-fiction. Sa créature est de fait considéré comme l’un des monstres les plus importants de la pop culture. On le prend en pitié car il a été créé par un scientifique qui ne se soucie pas des conséquences de ses actes. Pour la science, Frankenstein se montre prêt à tout, même à l’impossible : créer de la vie à partir de la mort. Beaucoup de gens commettent l’erreur de confondre Frankenstein et sa créature. Frankenstein est le scientifique. Sa création est appelée la créature de Frankenstein, créée à partir de bouts de cadavres assemblés et cousus ensemble. Selon les versions, il l’a ensuite animé grâce à l’électricité ou une réaction chimique.
La question de la morale, du bien et du mal, est au cœur du récit. Le monstre est en effet rejeté par tous en raison de son apparence repoussante, et lui ne comprend pas pourquoi. C’est un être pur et innocent qui questionne les raisons même de son existence. Pourquoi existe-t-il ? Pourquoi doit-il mourir ? Frankenstein le rejette en découvrant sa monstruosité. Les hommes cherchent à le tuer, ayant peur de lui. Il veut donc à confronter et tuer son créateur qu’il tient pour responsable de sa souffrance et de son mal-être.
L’auteur à l’origine du roman est Mary Shelley. Dans son roman, elle interroge sur l’impact de la science sur la société. Qui est le monstre ? Celui qui créé la créature ou la créature qui est créée ? Son titre Frankenstein ou le Prométhée moderne, fait référence à Prométhée, cet être qui a dérobé le feu sur l’Olympe pour en faire cadeau à l’homme afin de l’aider à survivre. Pour le punir, Zeus l’a attaché sur le Mont Caucase où un aigle vient lui dévorer le foie. Et tous les jours, le foie repousse. La souffrance est donc perpétuelle. Pour Mary Shelly, le savoir peut être dangereux. Elle fait la critique des scientifiques qui veulent développer leur savoir sans aucun égard pour le mal ou le tort qu’ils pourraient causer.
Jurassic Park
Le film Jurassic Park est particulièrement intéressant car il montre ce qui se passerait si l’homme perdait le contrôle d’une créature qui est un prédateur pour lui-même. Un prédateur qu’il a re-crée. John Hammond, un homme d’affaires enthousiasme et naïf, a créé un parc d’attractions où les visiteurs peuvent interagir avec de véritables dinosaures, recrées grâce à l’extraction d’ADN de dinosaures. Mais à la suite d’un sabotage d’un concurrent, les portes des enclos des animaux s’ouvrent et ils s’échappent. Les visiteurs invités sur place se retrouvent à lutter pour leur vie. Steven Spielberg avait à cœur de réaliser un film tout public, donc les scènes ne sont pas aussi gores qu’elles pourraient l’être. Le film contient un mélange d’effets spéciaux et de modèles mécaniques animés par des techniciens.
Les animaux sont les monstres du film, mais la question de la monstruosité de l’humanité se pose également . John Hammond pensait contrôler les animaux en ne créant que des femelles. Ainsi, il serait le seul capable de contrôler leur reproduction. Mais comme le dit le personnage de Jeff Goldblum, « La nature trouve toujours un chemin. » Se prendre pour Dieu est la plus grosse erreur commise par ces scientifiques qui ne pensent pas un seul instant à la conséquence de leurs actes. La nature poursuivra sa tâche à tout prix, à savoir se reproduire et évoluer. Quitte à effectuer des modifications biologiques. La nature existait avant l’homme, et elle sera toujours là quand nous auront disparu. Les dinosaures sont des prédateurs et les hommes des proies. A la moindre occasion, les animaux se transformeront en chasseur. Certains scientifiques ne se soucient pas des conséquences à long terme de leurs actions. Et ce sont les visiteurs qui vont en payer les conséquences.
Le roman d’origine et le scénario adapté sont de Michael Crichton, publié en France en 1992. Son but était de dénoncer les dérives de la science et les manipulations génétiques. L’homme, qui s’est toujours considéré comme étant au sommet de la chaîne alimentaire, doit désormais compter avec un prédateur venu du passé, programmé pour tuer. Peut-on véritablement considéré le dinosaure comme un monstre dans la mesure où il fait ce que sa nature lui demande de faire ? Traquer, chasser, tuer, se nourrir. L’homme n’en avait pas vraiment peur tant qu’il était confiné, mais lorsqu’il s’échappe, il prend mesure de sa puissance, de sa férocité et de sa dangerosité. Le tyrannosaure ou le vélociraptors sont des monstres carnivores surpuissants sans émotions, lancés à la poursuite des autres dinosaures. Et des hommes.
Le monstre, personnification de nos peurs
Lorsque le héros se bat contre un monstre, il affronte ses peurs. L’homme parait toujours surpris par l’attaque des monstres. Il n’est pas préparé. La seule raison de la présence du monstre est sa mort à la fin, tué par le(s) héros. Vaincre le monstre revient à vaincre sa peur et être capable d’aller de l’avant, d’évoluer, d’être plus mature. Ainsi, dans The thing de John Carpenter, des scientifiques découvrent une créature emprisonnée dans la glace. En dégelant, elle s’avère capable de prendre la forme de n’importe qui. Dès lors, le groupe doit faire face à une double menace, celle du monstre et celle de leurs compagnons. En effet, la paranoïa s’installe et chacun se méfie de l’autre. Qui est vraiment le monstre ? La créature métamorphe ? Ou les hommes terrifiés prêts à sacrifier leurs collègues pour assurer leur survie ? La peur, c’est celle de l’autre, celle qui nous fait douter. Et tuer.
Godzilla
Les Japonais ont subi de terribles attaques lors de la Seconde Guerre Mondiale. Traumatisés par les bombardements nucléaires américains, dont l’impact a été tant physique que psychologique, ils ont imaginé Godzilla. Godzilla est l’un des monstres les plus connus, qui représente la peur de la radioactivité et de ses conséquences. Tomoyuki Tanaka (producteur), Ishirō Honda (réalisateur) et le studio Tōhō se sont réunis et ont présenté Godzilla en 1954. Ce monstre qui vit dans l’océan a été réveillé et irradié par les essais nucléaires des hommes. Il se dirige donc vers Tokyo qu’il détruit avant de retourner dans l’océan. Son rôle évolue selon les périodes. S’il est parfois un protecteur de l’homme, affrontant d’autres monstres, il peut également être une menace.
Les attaques nucléaires sont un sujet tabou au Japon, car elles sont perçues comme une validation de l’asservissement du Japon face aux Etats-Unis. Certes, il y a des cérémonies commémoratives, mais comme pour l’Allemagne avec le nazisme, certains sujets ne doivent pas être abordés dans la vie quotidienne. La création de Godzilla permet donc de parler du sujet frontalement, dans un contexte imaginaire. Le monstre présente ainsi une peau qui ressemble à des brûlures et sa tête à la forme d’un nuage de fumée. Pour le premier film Godzilla (Godzilla, King Of The Monsters!) aux Etats-Unis en 1956, les Américains ont sorti une version censurée et remaniée. Ils ont ajouté des scènes avec un acteur américain afin de montrer leur point de vue, supprimé les références aux attaques nucléaires ou encore modifié et ou supprimé les dialogues originaux. On est donc bien loin de la version originale qui exprimait l’angoisse des Japonais pour un acte qui les a traumatisés.
Evil dead
Comment se comporter lorsque la menace est surnaturelle et provient de l’un de nos proches ? Telle est la question posée par les films de zombies. Un zombie est une personne morte revenue à la vie mais qui n’est plus la personne qu’elle était avant de mourir. Elle n’éprouve plus la moindre humanité et ne possède plus de conscience. Personne ne sait réellement comment et pourquoi elle est de retour. Mais les questions engendrées par leur réapparition sont nombreuses. Comment peut-on tuer un proche ? Le tuer une seconde fois en plus ? Dans Evil dead, cinq étudiants vont passer des vacances dans une cabane isolée dans les bois. Mais leur retraite dégénère lorsqu’ils découvrent un livre maléfique et un magnétophone. Lancer l’appareil déclenche en effet une série d’évènements. L’un d’entre eux est possédé par un esprit démoniaque, et tente de posséder et tuer ses amis. Ils n’ont alors pas d’autre choix que de s’entretuer pour survivre à l’entité qui tente de s’emparer de leurs corps et âmes.
La peur est terriblement intense. Craindre un proche que l’on connait depuis des années, c’est inimaginable. Et pourtant, les personnages doivent les tuer. Ou être tué. Petit à petit, ils deviennent eux-mêmes les monstres, dans tous les sens du terme. La transformation est tant physique que morale. Les frontières du bien et du mal s’estompent à mesure que la violence prend de l’importance. Ils finissent par être prêt à tout pour survivre. Et dans le même temps, ils cherchent à comprendre ce qui se passe. Quelle est cette entité maléfique ? Que leur veut-elle ? Pourquoi eux ? Comme souvent dans les films d’horreur, la créature s’attaque à eux un par un. Il y a donc une espèce d’attentisme, sans vraiment savoir ce qui va se passer. Ce qui ajoute encore à la peur ambiante.
La version originale est un film de Sam Raimi (également scénariste) qui date de 1981, avec notamment Bruce Campbell, Ellen Sandweiss et Hal Delrich. Un reboot de Fede Alvarez est sorti en 2013. Il est certes plus moderne et beaucoup plus gore à sa façon (ultra gore pour dire la vérité), mais il n’a pas l’attrait de la première version. J’ai trouvé que c’est un simple film d’horreur, sans le charisme des acteurs originaux mais avec néanmoins une vraie volonté (pas forcément réussie) de faire un nouveau film.
Le monstre venu d’ailleurs
Il n’est d’horreur plus absolue que celle de l’inconnu, dans un espace inconnu. Affronter un monstre est une épreuve, affronter un monstre dans un lieu qui nous est inconnu est encore pire. Il faut à la fois faire face à un monde que l’on ne connait pas, mais également une créature que l’on ne connait pas. Il faut donc trouver ses marques et apprendre à connaître la créature pour mieux la combattre.
Alien
Alien représente l’une des plus grandes terreurs de l’homme, celle de l’inconnue. Sur les affiches du film, on pouvait ainsi lire « Dans l’espace, personne ne vous entendra crier. » Car si l’alien vient de l’extérieur (notamment du vaisseau), il se manifeste pour la première fois à l’intérieur. A l’intérieur du vaisseau et des voyageurs. Dans le film Alien, le huitième passager, il surgit du torse de l’un des membres de l’équipage, terrifiant le reste de des voyageurs et des générations de spectateurs. Le dégoût et l’épouvante que l’on ressent au visionnage de cette scène sont marquants. Car à sa taille adulte, le xenomorphe est une vision d’horreur. Gluant, puissant, malsain, one ne pense qu’à une seule chose, détourner les yeux. Mais l’équipage du Nostromo est coincé sur son vaisseau avec un passager dont ils doivent/veulent se débarrasser à tout prix. Leur survie est en jeux.
Dans Alien, le huitième passager, on voit peu le monstre. Il est plus souvent entraperçu. Il sera plus visible dans les opus suivants, où il va également subir des évolutions. On voit beaucoup plus les xenomorphes, des créatures dérangeantes mêlant l’organique à la machine. Les monstres ont connu plusieurs évolutions physiques, au grès de l’imagination de son créateur Hans Ruedi Giger.
Autre sujet abordé en plus des violences, celui des violences sexuelles qui est sous-jacent. Les aliens naissent de force, après un acte de pénétration forcée. Les mères pondent leurs œufs à l’intérieur des hommes/femmes, qui doivent ensuite subir l’« accouchement ». Leur but est simple, la reproduction. Et si pour ce faire ils doivent sacrifier les hommes, qu’il en soit ainsi. Ce qui donne naissance à une créature contre-nature.
Predator (1987)
Une équipe des forces spéciales est envoyée au Guatemala pour une mission de sauvetage. Mais une fois sur place, ils sentent une présence. Peu après, ils sont attaqués par une créature invisible, un Predator dont le vaisseau s’est écrasé sur Terre. Le combat entre les deux espèces est féroce et sans pitié, chacun se battant de toutes ses forces : les hommes pour leur survie, le Predator pour la chasse.
Predator est un film viril. Ces hommes ont été entraînés au combat et disposent d’armes lourdes. Mais ils doivent affronter une créature surentraînée dotée d’armes et d’équipements d’une technologie avancée. S’ils se montrent si terrifiés au début, c’est que la menace est invisible. Dans la première partie, ils sentent une présence menaçante qui les surveillent. Mais ils ne la voient pas. C’est lorsqu’ils sont sûrs de sa présence que leurs réflexes prennent le dessus dans la seconde partie et qu’ils élaborent un plan d’attaque pour se sortir de cette situation dangereuse. Ils sont seuls, dans un pays étranger, sans aucune aide extérieure. Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et leurs expériences du combat.
La beauté de Predator est que l’on ne voit pas la créature pendant une grande partie du film. Elle est invisible une grande partie du temps et beaucoup de scènes se déroulent de nuit. On l’entraperçoit de temps à autre, mais elle est plus une présence qu’autre chose. Et c’est ce qui la rend si terrifiante. Les soldats se savent en danger sans pouvoir dire d’où vient le danger. Le Predator est une entité extraterrestre aux intentions obscures. On sait juste qu’elle veut les tuer et qu’elle semble aimer chasser. Et qu’elle est très douer pour ça.
Un monstre, un héros
Dans les films, les monstres sont souvent représentés comme des êtres inférieurs, qu’il faut tuer à tout prix. Leur destruction revient à faire disparaitre la peur. La question du pourquoi est secondaire. Ce que les personnages veulent, c’est éliminer la menace. Chaque héros à son monstre à combattre, pour des raisons qui lui sont propres. Il existe donc autant de héros qu’il existe de monstres.
- Le héros qui doit/veut sauver le monde : Indépendance Day
- Le héros qui veut sauver sa peau et celle de sa famille : Dernier train pour Busan
- Personne ne croit le héros jusqu’à ce qu’il soit trop tard : Les dents de la mer
- Le personnage principal qui devient un héros contre son grès : World War Z
- On ne parle pas d’un héros, mais de plusieurs héros : Ça
- Le héros qui se retrouve par hasard au milieu de l’action : Predator
- Le héros est le monstre : Edward aux mains d’argent
- Le héros que l’on devrait détester. Mais non (anti-héros) : Hellboy
- Le héros qui s’attache au monstre : La forme de l’eau
- Le héros devient le monstre : District 9
Les raisons de combattre les monstres sont nombreuses. Mais à force de combattre les monstres, il arrive que l’homme devienne très exactement ce qu’il souhaite détruire. A vouloir à tout prix sauver ses semblables, il en vient à perdre son humanité et à devenir lui-même un monstre. La question se pose alors : doit-il lui aussi être éliminer ?
Dans la grande majorité des films, les monstres sont des créatures abjectes et repoussantes qui ne sont pas dignes de vivre. Ils sont la plupart du temps les premiers à attaquer, ce qui justifie l’attitude agressive du héros. Le héros ne désire qu’une chose, les tuer afin de retrouver sa vie d’avant. Mais il y a régulièrement un scientifique qui veut analyser le monstre pour des recherches. Vient donc le moment où la science et la survie s’opposent. Qui va l’emporter ? Qui doit l’emporter ? La moralité, les principes, tout cela n’a plus d’importance. Seule la survie importe. Mais il y a des exceptions.
Premier contact de Denis Villeneuve est l’un des plus beaux films de science-fiction que j’ai jamais vu et l’un des plus beaux films de monstres. L’armée fait appel à une linguiste, Louise Banks, lorsque de mystérieux vaisseaux font leur apparition. Ils désirent qu’elle établisse un contact avec eux afin de comprendre leurs intentions. Dans ce film, les autorités cherchent à communiquer avec les extraterrestres. Nous sommes bien loin des films habituels où l’on tire d’abord et l’on pose les questions ensuite. Les extraterrestres sont traités avec respect. Le sujet du film est la communication et son importance. Nous avons donc deux espèces qui essayent de se comprendre sans avoir recours à la violence. Et c’est extrêmement satisfaisant à regarder. Il faut aussi admettre que le fait que les extraterrestres arrivent avec une attitude pacifique aide énormément.
Dans la même veine, E.T. est un extraterrestre qui nous veut du bien. Dans le film de Steven Spielberg E.T., l’extra-terrestre, le petit extraterrestre a été abandonné par son groupe. Pourchassé par les autorités, il est recueilli et protégé par un petit garçon de 10 ans nommé Elliott. Entre les deux se nouent une forte relation. La violence est le fait des adultes qui veulent s’emparer du petit être. Elliott voit E.T. comme un ami, un compagnon de jeu. La relation entre les deux dépasse bientôt celle de la simple amitié quand ils commencent à être liés psychiquement. C’est un très beau film qui ne donne pas le mauvais rôle aux extraterrestres, bien au contraire. Ils sont décrits comme des êtres étranges mais pas méchants ou menaçants.
Dans ces deux films, le héros essaye d’établir une relation d’égalité entre les deux races. Il n’a pas une attitude condescendante ou méprisante. Il veut au contraire créer un nouveau lien, bénéfique à tous.
Guillermo Del Toro, le protecteur de ces monstres
Guillermo Del Toro n’est pas un réalisateur de science-fiction comme les autres. Dès ses premières réalisations, il a proclamé son amour pour ces monstres auxquels il parvient à s’identifier. Il ne les perçoit pas comme des monstruosités mais comme des êtres incompris qui cherchent leur place dans notre monde. Parmi ses films à voir :
- Hellboy est un démon venu de l’enfer et élevé par un homme qui lui a appris à combattre sa nature. Il devient un protecteur des hommes, ceux-là même qui cherchent à le tuer en raison de son apparence.
- Dans La forme de l’eau, la vie de la muette Elisa va être bouleversée par sa rencontre avec une étrange créature aquatique retenue prisonnière dans un laboratoire. Elle va enfin rencontrer quelqu’un auquel elle pourra s’identifier, elle qui ne peut parler. Elle va l’aider à s’échapper et nouer une forte relation avec elle.
- Son film Cronos parle du mythe de Dracula. Dans sa version, un vieil homme est transformé contre son grès, mais devient vite dépendant au pouvoir qui lui est octroyé. Il rajeunit et retrouve des forces, en contrepartie de quoi il doit s’abreuver de sang. Son dégout pour le liquide rouge ne l’empêche pas d’étancher son addiction à n’importe quel prix.
- Dans Pacific Rim, les hommes, confrontés à des kaijus, construisent des robots géants pour affronter les monstres. Ils fabriquent des monstres pour lutter contre d’autres monstres.
L’affection de Guillermo Del Toro pour les monstres et autres créatures se ressent dans chacun de ses films et productions. Pour lui, un monstre est certes une créature horrifique, mais il ne faut pas toujours s’en sentir menacé. Certains ne nous veulent aucun mal. Il semble les considérer comme des visiteurs étrange(r)s qui cherchent à comprendre ce qui se passe et pourquoi les hommes éprouvent une telle réaction de peur à leur égard. Son regard est toujours bienveillant. Parfois même plus envers les hommes que les monstres.
Guillermo Del Toro semble trouver son bonheur dans l’imperfection, qu’elle soit physique ou mentale. Ses héros sont des monstres. Souvent en souffrance, ils cherchent leur place au sein d’une société qui ne souhaite pas les reconnaitre. Avec ses films (les films de genre), il fait des déclarations politique et sociale. Ses monstres, qui doivent vivre cachés, ne désirent rien de plus que de sortir dans la lumière et être reconnus. Possibilité que leur offre le réalisateur.
La femme, cette héroïne
Pendant une très longue période, les femmes n’avaient qu’un rôle de faire-valoir. Elles devaient être sauvées, étaient des monstres ou étaient éloignées de l’action par un héros parfois condescendant. Cette situation a changé avec l’apparition de Ripley, l’héroïne de la série de film Aliens sortie pour la première fois en 1979. Pour la première fois, les spectateurs ont vu une femme forte, capable de rendre coup sur coup et de se battre. Quand ses officiers supérieurs sont tués par l’alien, c’est elle qui prend la tête de l’expédition spatiale et qui décide de tout faire pour sauver son équipage.
Ripley n’affronte pas seulement le monstre. Elle doit également faire face à ses peurs les plus profondes. Femme de poigne, elle doit s’imposer face au reste de l’équipage, notamment les hommes, qui doutent de ses capacités de leader. Dans le deuxième volet Alien le retour, Ripley doit de nouveau confronter ses peurs lorsqu’elle accepte de faire à nouveau face aux monstres et de retourner sur la planète. Cette fois-ci, elle lutte contre une Reine, prête à tout pour protéger ses petits. Ripley de son côté, cherche à protéger Newt, une petite fille découverte sur la planète et à laquelle elle s’est attachée. Il s’agit donc de la lutte entre deux mères pour la défense de leurs progénitures.
Au fil du temps, Ripley alias Sigourney Weaver, est devenue une icône féministe. Elle a engendré de nombreux émules, des femmes fortes prêtes à mener la lutte au même que les hommes : Alice (Resident Evil), Sarah Connor (Terminator), Trinity (Matrix), La Mariée (Kill Bill), Alexa Woods (Alien VS Predator) … Ces personnages de cinéma n’auraient probablement pas existé si Ripley n’avait pas connu le succès et la gloire qu’on lui connait. Milla Jovovich, Linda Hamilton, Kate Beckinsale, toutes ces actrices ont bénéficié du succès de Sigourney Weaver, qui a montré qu’une femme pouvait tenir le premier rôle d’un film d’action à gros budget.
Mon Top 10 des films de monstres
Mister Babadook
Dernier train pour Busan
Signes
The last girl
Edward aux mains d’argent
La mouche
Alien, le retour
Dracula (Francis Ford Coppola)
Seelpy Hollow
Mentions spéciales
L’étrange Noël de Monsieur Jack
Un monstre à Paris
La moralité des films de monstres est que l’homme gagne toujours à la fin, même si les dommages et le nombre de victimes est élevé. Il a vaincu le monstre et ses peurs par la même occasion. Mais le prix à payer est parfois très élevé. Il doit en effet devenir un monstre lui-même et faire fi de ses principes. Pour le meilleur et pour le pire.
Bonus : les monstres du studio Universal Pictures
Découvrez ou redécouvrez les premières appartions des monstres des studios Universal Pictures avec Frankenstein et sa créature, Dracula, La Momie, Le loup-Garou, L’étrange créature du lagon noir et La fiancée de Frankenstein.
Pingback: L’instinct de survie dans Les ruines Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires
Pingback: Mes films d’horreur préférés Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires
Pingback: Sans un bruit 2, la peur se fait entendre Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires
Pingback: Aliens, le retour, Ripley plus badass que jamais Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires
Pingback: Focus sur la saga Alien Les toiles de la culture - Les aventures d'une chercheuse d'histoires